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Embûches nippones pour le bio suisse

Le bio suisse devra faire face aux barrières protectionnistes du marché nippon. Bio Suisse

Le Ministère japonais de l’Agriculture annonce avoir reconnu l’équivalence de la législation suisse relative aux produits biologiques.

Mais pour les exportateurs suisses, la partie est loin d’être gagnée. L’accès au marché nippon est parsemé d’embûches.

Reconnaître la législation suisse relative aux produits biologiques est une chose. Mais permettre concrètement l’accès de ces produits au marché nippon en est une autre.

Le Ministère japonais de l’Agriculture accorde cette faveur à l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) avec d’autant plus de grâce que son marché des aliments biologiques est moins avancé que celui de la Suisse.

Cela dit l’ouverture de nouveaux débouchés aux exportateurs suisses n’apparaît pas aussi évident que le laisse entendre l’OFAG dans son communiqué. Le marché des produits biologiques japonais est certes le troisième au plan mondial. Il n’empêche que son accès reste relativement limité.

Un habillage de barrières à l’importation

«Derrière cette reconnaissance de l’équivalence de la législation suisse, vous trouvez tout un habillage de barrières à l’importation», observe un expert suisse de l’agriculture japonaise qui tient à garder l’anonymat.

«C’est un accord vide, ajoute-t-il. Car pour faire entrer les produits biologiques suisses au Japon, le ministère de l’Agriculture exige que l’importateur à Tokyo soit accrédité par un organisme certificateur. Ce qui ne fait que renchérir les coûts d’importation».

Sous le couvert des équivalences, le Japon maintient des barrières protectionnistes qui risquent de rendre prohibitifs les produits biologiques importés.

Les nouvelles procédures japonaises en matière d’étiquetage et de certification sont considérées aussi comme trop drastiques par les agriculteurs japonais.

Une opportunité pour les Suisses

«Ces deux dernières années, la production locale d’aliments biologiques a diminué. Les agriculteurs japonais sont trop âgés pour abandonner leurs techniques traditionnelles en faveur de l’agriculture biologique», note un analyste de l’Union Européenne à Tokyo.

Cela ne peut qu’encourager les exportateurs suisses à tenter de surmonter les obstacles protectionnistes japonais. Car les produits européens d’aliments biologiques sont généralement considérés comme les plus avancés du monde.

«Les exportateurs suisses ont intérêt à vendre au Japon des produits transformés comme les confitures, les céréales, les aliments pour bébés, les repas cuisines. Surtout pas de produits naturels. Les Américains et les Australiens dominent ce segment du marché», ajoute l’expert suisse.

Etant donné que le Japon ne fait pas de distinction entre les ventes de produits biologiques et les ventes de produits issus de l’agriculture traditionnelle, il est difficile d’établir la taille du marché.

Mais selon une étude canadienne, la valeur des ventes d’aliments biologiques dans l’archipel se situaient environ entre 3,7 milliards et 4,5 milliards de francs suisses en 2000 contre 1,5 milliard il y a cinq ans.

Ces cinq prochaines années, ce marché devrait continuer de croître d’environ 15% annuellement.

swissinfo, Georges Baumgartner, Tokyo

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