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En Afrique, un enfant peut coûter 12 dollars

Les autorités béninoises, lors de la prise en charge des enfants qui étaient à bord de l'Etireno, le 17 avril dernier. Keystone Archive

L'affaire de l'Etireno - un bâteau errant dans le Golfe de Guinée, avec à son bord des enfants-esclaves - a eu le mérite d'attirer l'attention sur une pratique en augmentation en Afrique de l'Ouest. Mais, les Etats semblent démunis face à un fléau dû à la misère.

Une chose est sure: les autorités de plusieurs pays africains ont été placées face à leurs responsabilités. Avant l’affaire de l’Etireno, la prise de conscience avait déjà eu lieu, matérialisée par des séminaires régionaux, et plus rarement par des accords de coopération entre les pays.

Se pose maintenant la question de la mobilisation des forces de l’ordre et d’une véritable répression du trafic des enfants. En cette matière, la politique des Etats africains n’en est qu’à ses balbutiements. Pourtant, il y a urgence.

Selon l’Unicef, la misère grandissante fait le lit de ce commerce en expansion. Un enfant coûte entre 12 et 30 dollars en Afrique de l’Ouest. Certains pays sont exportateurs, ce sont les plus pauvres de la région comme le Togo, le Mali, le Bénin. D’autres en importent. C’est le cas de la Côte d’Ivoire.

Dans les plantations de coton ivoiriennes, on emploie la main d’œuvre enfantine. «Les enfants y sont mal nourris, maltraités, et véritablement prisonniers», affirme le consul du Mali en Côte d’Ivoire.

Les enfants qui ne sont pas vendus dans les plantations ou les mines se retrouvent domestiques. D’autres sont livrés à des réseaux de prostitution.

Souvent, c’est dans leur village que ces mineurs se font piéger. Les trafiquants leur promettent l’Eldorado, leur disent qu’ils trouveront du travail, reviendront nantis et feront la fortune de leurs proches.

«Il existe en Afrique une tradition de socialisation qui consiste à envoyer les enfants vivre dans d’autres familles, c’est pourquoi les parents ne sont pas forcément alertés», explique Rama Salah, directrice de l’Unicef pour l’Afrique de l’Ouest. La lutte contre le trafic des enfants passe donc aussi par l’information des parents.

Virginie Gomez, Abidjan

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