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En Colombie, les efforts de la Suisse ont payé

Les prisonniers (à droite), dans l'attente d'être libérés par les FARC. Keystone

La libération de 242 prisonniers par les Forces armées révolutionnaires colombiennes (FARC) concrétise les efforts de médiation menés depuis de très nombreux mois par plusieurs pays, dont la Suisse. Une opération qui a bénéficié du soutien technique du CICR.

Début juin, les autorités gouvernementales et l’un des deux grands groupes révolutionnaires de Colombie – les Forces armées révolutionnaires – concluaient un accord humanitaire sans précédent, portant sur la libération mutuelle de prisonniers.

Peu de temps après, à l’issue d’un premier échange, les FARC promettaient qu’elles allaient libérer, d’une manière unilatérale, d’autres prisonniers encore. Un geste destiné à démontrer leur bonne volonté.

Finalement, c’est la date du 28 juin qui a été retenue pour la libération de 242 soldats et policiers, dont certains vivaient en détention depuis trois ou quatre ans. Les retrouvailles de ces prisonniers avec leurs familles constituent un événement d’importance nationale.

Cette opération n’aurait pas pu être réalisée sans le soutien «technique» du CICR, le Comité international de la Croix-Rouge. Qui, jusqu’à présent, n’avait jamais été autorisé à visiter des personnes détenues par les rebelles.

Huit équipes du CICR se sont en effet succédées du côté de La Macarena, dans la grande zone démilitarisée sous contrôle des FARC. Dans un premier temps, elles ont pu faire passer un examen médical à chacun des prisonniers figurant sur les listes de libération. Il leur a fallu, ensuite, organiser leur transport vers Bogota.

Toute cette préparation s’est bien passée, selon Macarena Aguilar. En clair, il n’y a eu aucun contretemps. Et que dire de l’état de santé des prisonniers? «Ils souffrent de diarrhées et de maladies tropicales, affirme le porte-parole du CICR. Et beaucoup d’entre eux éprouvent un grand stress émotionnel.»

Voilà pour l’événement. On notera, au passage, le côté spectaculaire qu’ont voulu lui donner les guerilleros des FARC. Qui cherchent ainsi à donner à l’opinion publique une meilleure image d’eux-mêmes.

Cela dit, il faut rester réaliste, nous explique Riccardo Pescia, collaborateur diplomatique des Affaires étrangères suisses qui suit tout particulièrement les affaires colombiennes: «ce conflit dure depuis une cinquantaine d’années et ce n’est pas la libération de 242 prisonniers qui va entraîner un accord de paix à brève échéance».

Ce qu’il faut d’abord retenir de l’événement, poursuit-il, c’est que «les FARC ont compris que la communauté internationale et la Suisse attendaient un geste humanitaire concret». Dont acte.

Quoi qu’il en soit, le processus de paix suit son cours. Et la Suisse a des raisons de se réjouir de cet épisode. Car elle accompagne les négociations entre les autorités gouvernementales et les groupes rebelles, depuis des années déjà. En clair, elle rédige des notes et des documents. Et elle multiplie les occasions de rencontres entre les deux parties, en Suisse et en Colombie.

Au moment où nous avons joint Riccardo Pescia, il sortait d’une réunion informelle à Genève entre une délégation du Haut-Commissariat colombien pour la paix et celle de l’autre groupe rebelle, l’Armée de libération nationale (ELN).

La démarche suisse a ceci d’original qu’elle met en synergie les efforts de la diplomatie et ceux d’autres acteurs ou partenaires de la recherche pour la paix. Et, dans le cas colombien, l’Institut universitaire des études du développement (IUED) n’a pas ménagé ses peines.

«Les conflits ont changé, dit encore Riccardo Pescia, ils sont de plus en plus complexes et font intervenir de nombreux facteurs, non seulement politiques, mais également ethniques, religieux ou autres. Si l’on veut trouver une solution, il faut œuvrer avec tous les intervenants disponibles.»

Bernard Weissbrodt

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