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En matière de formation, la Suisse s’essouffle

Dans certaines branches, les femmes restent rares sur les bancs d'étude. Keystone

En comparaison internationale, le système suisse de formation est en sérieuse perte de vitesse.

Selon les indicateurs de l’enseignement de l’OCDE 2003, la Suisse se retrouve même à la traîne si l’on considère l’accès des jeunes femmes aux études.

Publiés mardi par l’Office fédéral de la statistique (OFS), les «Regards sur l’éducation» de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dressent un état des lieux du niveau de formation actuel de la population.

Une situation moins rose

En 1998 déjà, l’OCDE relevait que le système éducatif suisse manquait de dynamisme en comparaison internationale. A l’époque, près de 90% des femmes et des hommes entre 25 et 34 ans avaient achevé une formation après l’école obligatoire.

Aujourd’hui, la situation est moins rose: alors qu’elle occupait la tête du classement des pays de l’OCDE, la Suisse se place désormais derrière le Danemark, le Japon, la Pologne, l’Allemagne et la Finlande, où plus de 90% des 25-34 ans sont aujourd’hui titulaires d’un diplôme de degré secondaire II.

Il ne faut cependant pas en conclure que le système éducatif suisse s’est écroulé. Il enregistre en effet encore de bons résultats, notamment dans le domaine de la formation professionnelle.

«Simplement, le niveau de formation de la population n’a cessé d’augmenter dans les autres pays en réponse aux exigences du marché du travail, à la progression du chômage et aux attentes croissantes de la société, alors qu’il a tendance à stagner en Suisse, note Anna Borkowski, de la Section de la formation scolaire et professionnelle de l’OFS.

Les femmes moins bien formées

En outre, l’écart entre les sexes s’est réduit. Bien que le niveau de formation soit toujours plus bas chez les femmes que chez les hommes dans le groupe des 45-55 ans, ce rapport s’est atténué, voire inversé en moyenne chez les 25-34 ans dans les pays de l’OCDE.

En Suisse, d’importants progrès restent à faire: les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes à s’arrêter à la scolarité obligatoire, et les formations supérieures sont suivies essentiellement par des hommes.

Au degré tertiaire, la différence entre le taux de diplômes des hommes et celui des femmes atteint environ 20 points: un écart qui n’est égalé par aucun autre pays.

Globalement, les pays de l’OCDE comptent en moyenne une demi-année de formation en plus pour les femmes que pour les hommes, alors qu’en Suisse, les femmes restent en moyenne six mois de moins en formation.

Les Suisses mis à part, seuls les hommes de Corée, du Mexique et de Turquie passent davantage de temps en formation que les femmes, souligne l’OFS.

Des chiffres à relativiser

Les chiffres doivent toutefois être relativisés, note Anna Borkowsky. La situation varie en effet selon les branches.

Ainsi dans les universités, l’équilibre entre les deux sexes est respecté. En revanche, les Ecoles polytechniques fédérales restent largement dominées par les hommes.

Cette différence se retrouve dans les hautes écoles spécialisées. Les femmes sont peu présentes dans les disciplines techniques et économiques, mais largement représentées dans les domaines typiquement féminins, comme par exemple la santé.

«Les femmes ont de la peine à s’imposer dans les domaines traditionnellement réservés aux hommes, note Anna Borkowsky. Les habitudes se transmettent de générations en générations. Mais il y a de l’espoir. Les CFF utilisent depuis peu des femmes comme contrôleurs, une profession jusqu’ici essentiellement masculine.»

Degré tertiaire

Dans les pays de l’OCDE, le taux de diplômes de degré tertiaire s’élève à 41% en moyenne. En Suisse, seul un tiers des personnes ayant achevé une formation de degré secondaire II poursuivent une formation de degré tertiaire.

Au Japon et en Nouvelle-Zélande, où les taux sont les plus élevés, deux tiers de la population sont titulaires d’un diplôme de degré tertiaire.

Le degré tertiaire englobe la formation professionnelle supérieure et les hautes écoles. Dans le domaine des hautes écoles, la Suisse enregistre un taux de diplômes nettement inférieur (19%) à celui de la moyenne de l’OCDE (30%).

Le taux helvétique compte parmi les plus bas avec ceux de l’Autriche et de la République tchèque.

Formation moins longue

Dans le domaine de la formation professionnelle supérieure, les taux de diplômes moyens des différents pays de l’OCDE pris en compte se situent dans une vaste fourchette, allant de 0,3% en Italie, à 27% au Japon, en passant par plus de 16% en Suisse.

Dans 25 pays de l’OCDE sur 28, on estime qu’un enfant de 5 ans a devant lui une durée de formation de 16 à 20 ans en moyenne. Elle est de 16 ans en Suisse en raison de la faible proportion d’étudiants du degré tertiaire.

Alors que dans les pays de l’OCDE, la durée des études de degré tertiaire atteint en moyenne 2,6 ans, elle n’est que de 1,8 an en Suisse.

swissinfo et les agences

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