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Erreurs médicales: les choses commencent à bouger en Suisse

2000 à 3000 décès seraient dus aux erreurs médicales chaque année en Suisse. Keystone

Un congrès sur la gestion des erreurs médicales réunit responsables politiques et médicaux lundi et mardi à Lucerne. La «task force» de l'Office fédéral des assurances sociales devrait proposer des mesures concrètes, comme la création d'un registre des fautes médicales.

C’est un signe: la conseillère fédérale Ruth Dreifuss en personne doit se rendre à Lucerne. En décembre, un premier congrès à Berne avait réuni fonctionnaires et spécialistes dans l’indifférence quasi générale.

L’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) venait pourtant de publier une estimation plus qu’alarmante selon laquelle, chaque année, en Suisse, entre 2000 à 3000 décès sont dus aux erreurs médicales. Contestés, ces chiffres restent cependant, aujourd’hui, encore les seuls disponibles à l’échelon national.

Il aura fallu les tragiques accidents survenus à Berne et au Tessin pour que le problème ne soit plus considéré comme tabou. On se souvient des bébés décédés à l’Hôpital de l’Ile suite à une confusion de médicaments et de le patient amputé de la mauvaise jambe à Lugano.

Signe supplémentaire du changement de mentalités dans ce domaine: le chirurgien fautif avait, de lui-même, annoncé sa faute.

Comme dans le cas tessinois, les erreurs médicales sont, presque toujours, la conséquence d’une chaîne d’incidents. D’où la nécessité, selon beaucoup de praticiens, de pouvoir annoncer les problèmes sans encourir obligatoirement des sanctions.

Les suites mortelles de traitements erronés seraient plutôt rares. Selon une étude, qui doit être présentée à Lucerne par son auteur, Charles Vincent, elles concernent 8% des erreurs seulement.

Membre de la task force créée en décembre par l’OFAS, le psychologue anglais préconise notamment des lignes directrices plus claires quant à l’usage d’antibiotiques.

Un registre national des erreurs médicales pourrait aussi voir le jour. Alors que le Conseil national en rejetait l’idée il y a à peine plus d’une année, aujourd’hui, plus personne ne semble s’y opposer.

Ariane Gigon Bormann

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