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Et la Source de Lumière Suisse fut…au bord de l’Aar

L’énorme salle circulaire abrite en fait deux anneaux, rehaussés de multiples aimants, servant à accélérer, diriger ou modifier un faisceau d’électrons. swissinfo.ch

Source de Lumière Suisse: c'est le nom du synchrotron inauguré à l'Institut Paul Scherrer, près de Baden. Une sorte de microscope géant unique au monde.

De l’extérieur, dans la brume de la fin octobre, le bâtiment ressemble à un vaisseau spatial extraterrestre, sorti d’un film de Spielberg. Une énorme pastille blanche, d’un diamètre de près de 140 mètres, posée au bord de l’Aar, à Villigen, en Argovie. Il ne s’agit pourtant pas de voyager dans l’espace, mais dans la matière. Il s’agit d’une sorte de microscope.

Un microscope «mille fois plus cher que les appareils déjà sophistiqués présents dans les laboratoires ordinaires, mais un microscope au moins mille fois plus puissant», comme l’a relevé, vendredi, la Conseillère fédérale Ruth Dreifuss, en participant à l’inauguration de ce synchrotron, à l’Institut Paul Scherrer (PSI), le plus grand centre de recherche suisse, spécialisé en sciences naturelles et sciences de l’ingénieur.

De nombreuses applications

L’énorme salle circulaire abrite en fait deux anneaux, rehaussés de multiples aimants, servant à accélérer, diriger ou modifier un faisceau d’électrons. Le but est de maintenir sur une longue durée ce flux d’électrons, qui permet de générer cette fameuse lumière synchrotron, exploitée ensuite dans une série de stations expérimentales situées juste à l’extérieur des anneaux.

«C’est une machine qui permet de voir plus près, mais aussi des choses que l’on ne pouvait pas voir auparavant», résume Leonid Rivkin, physicien au PSI. Les rayons x produits vont ainsi permettre d’explorer de nouveaux matériaux, des molécules, des surfaces, des structures extrêmement petites. Des applications qui touchent à la fois à physique, à la biologie, à la chimie et à la science des matériaux.

Une installation de pointe

Les travaux de construction et d’installation n’ont pas duré beaucoup plus de trois ans. Mais le projet, né en 1990, a eu de la peine à s’imposer. Notamment à cause de son coût : quelques 160 millions de francs.

Il faut dire que ce n’est pas tous les jours que la Suisse s’offre un outil scientifique de cette taille. Le résultat, pourtant, est là : «une installation de pointe sur le plan mondial», comme le souligne Meinrad Eberle, le directeur du PSI.

La Source de Lumière Suisse devrait ainsi attirer de nombreuses équipes, également étrangères. Le synchrotron, qui sera maintenu constamment en activité, pourrait voir passer un millier de chercheurs par ans, des universitaires, mais aussi des industriels.

Ce nouvel équipement pourrait même contribuer à freiner, voire renverser l’exil bien connu des cerveaux suisses. Meinrad Eberle, en tous cas, en est convaincu. «Ma vision, c’est de faire en sorte que plus de gens fassent leurs recherches ici. Désormais on peut faire de la recherche de pointe chez nous. Jusqu’à présent ce n’était pas possible.»

Pierre Gobet, Zurich

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