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Eveline Widmer-Schlumpf sera ministre de la Justice

Keystone

Après l'élection surprise de l'UDC grisonne la semaine dernière au gouvernement, la répartition des portefeuilles demeurera inchangée pour 2008.

La nouvelle conseillère fédérale reprend donc le département de son collègue non réélu Christoph Blocher et deviendra ministre de Justice dès le 1er janvier.

Le Conseil fédéral s’est réuni mardi pour la première fois dans sa nouvelle composition. Il n’a fallu que cinq minutes pour décider de la répartition des départements, a précisé Oswald Sigg, porte-parole du gouvernement.

Eveline Widmer-Schlumpf, 51 ans, a accepté de reprendre le dicastère dirigé jusqu’ici par Christoph Blocher, son collègue de l’Union démocratique du centre (UDC, droite nationaliste). Les six autres conseillers fédéraux conservent leur département et l’affaire a été réglée en quelques minutes, selon la Chancellerie fédérale.

Dossiers du DFJP

La nouvelle ministre de la Justice n’a pas vraiment eu le choix, mais elle avait déjà assuré, juste après avoir accepté son élection jeudi, n’avoir aucun souhait particulier et être ouverte à tous les départements.

Dans les Grisons, elle a dirigé les finances et les affaires militaires. Mais le Département fédéral de justice et police (DFJP) ne lui est pas totalement étranger puisqu’elle est juriste de formation. Elle sera la troisième femme à la diriger.

Une pile de dossiers attend Eveline Widmer-Schlumpf. Si les grands chantiers judiciaires – Tribunaux fédéraux, révision du code pénal, procédure pénale et civile – sont achevés ou en passe de l’être, la question du Ministère public de la Confédération (MPC) est loin d’être réglée.

Répartie actuellement entre le Tribunal pénal fédéral et le DFJP, la surveillance du MPC devrait à l’avenir être confiée au Conseil fédéral. Une procédure de consultation est en cours. La démocrate du centre devra reprendre les dossiers controversés de l’abrogation de la Lex Koller (loi sur l’acquisition d’immeubles par des étrangers) et des importations parallèles.

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Les questions sur les étrangers

Autre projet en souffrance: la révision de la norme antiracisme, celle-là même qui donnait «des maux de ventre» à Christoph Blocher. Le Zurichois a demandé à un groupe de travail d’étudier une modification de la disposition pénale. Une initiative populaire pour l’abolir a été lancée par les Démocrates suisses (droite nationaliste).

Le durcissement du droit d’asile et des étrangers à peine en vigueur, le milliardaire évincé du gouvernement a plaidé pour des mesures supplémentaires, notamment contre les déserteurs érythréens. Diverses voix s’élèvent pour un renforcement de la politique d’intégration.

Le renvoi des délinquants étrangers est en discussion via une initiative populaire. La nouvelle ministre de la Justice devra défendre la position du Conseil fédéral face au texte de son propre parti. Elle sera confrontée prochainement à une situation analogue avec l’initiative de l’UDC visant à maintenir les naturalisations par les urnes.

Les sujets qui gênent

En plus des projets déjà sur les rails comme la modernisation du droit de la société anonyme ou l’utilisation sur des produits de la désignation suisse et du drapeau rouge à croix blanche, Eveline Widmer-Schlumpf risque de devoir s’atteler à des sujets que son précédesseur s’était efforcé de laisser dans un tiroir.

En font partie l’euthanasie et la surveillance des organisations d’aide au suicide comme Exit et Dignitas. Dans la presse, la démocrate du centre s’est montrée elle aussi plutôt réticente à légiférer. Enfin, les observateurs s’attendent à ce qu’elle procède à des remaniements parmi ses collaborateurs.

Mardi, le collège gouvernemental a ensuite posé pour la photo officielle 2008, placée sous la responsabilité du futur président de la Confédération Pascal Couchepin.

Le Conseil fédéral se retrouvera donc le 16 janvier pour sa première séance de l’année nouvelle, durant laquelle il devra encore confirmer la répartition des départements. Et régler les suppléances en cas d’absence des chefs attitrés des dicastères.

swissinfo et les agences

Moritz Leuenberger, (élu en 1995), socialiste: Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et des communications (DETEC);

Pascal Couchepin (1998) radical: Département fédéral de l’intérieur (DFI);

Samuel Schmid (2000) UDC: Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS);

Micheline Calmy-Rey (2002) socialiste: Département fédéral des affaires étrangères (DFAE);

Hans-Rudolf Merz (2003) radical: Département fédéral des finances (DFF);

Doris Leuthard (2006) démocrate-chrétienne: Département fédéral de l’économie (DFE)

Eveline Widmer-Schlumpf (2007) UDC: Département fédéral de justice et police (DFJP).

Eveline Widmer-Schlumpf, fille de l’ancien conseiller fédéral Léon Schlumpf, poursuit une autre tradition qui veut que le DFJP soit dirigé par un ou une juriste d’un parti bourgeois.

Après Elisabeth Kopp et Ruth Metzler-Arnold, c’est la 3e ministre de la Justice. C’est la 5e fois que ce département est dirigé par un UDC (elle reste UDC même exclue de son groupe parlementaire).

Dans le passé, ce département n’a été qu’exceptionnellement et brièvement dirigé par un non-juriste: en 1883 par Adolf Deucher (médecin), en 1908 par Josef Anton Schobinger (architecte) et en 1959 par Traugott Wahlen (agriculteur).

Le groupe parlementaire de l’Union démocratique du centre (UDC, droite nationaliste) n’a pas l’intention de se scinder. Par 60 voix contre 3, sans abstention, les élus nationaux du parti ont affirmé mardi leur unité et confirmé l’exclusion de leur groupe des ministres Eveline Widmer-Schlumpf et Samuel Schmid.

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