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Exit assouplit le moratoire qu’elle s’imposait

L'association d'aide au suicide prépare et soutient celui qui veut mourir. Mais c'est le patient qui doit accomplir le dernier geste. Keystone

Exit n'exclut plus d’assister les malades psychiques qui désirent mettre fin à leurs jours, pour autant que leur capacité de jugement soit intacte.

L’association d’aide au suicide adoucit le moratoire qu’elle avait elle-même décidé de fixer en 1999.

Suite à de virulentes critiques parues dans la presse, Exit avait décidé en 1999 de ne plus accompagner vers la mort les personnes souffrant de maladies psychiques.

A l’interne, ce moratoire était contesté, parce qu’il revenait à dénier toute capacité de jugement aux personnes souffrant de troubles psychiques et à leur refuser le droit à une mort digne.

Rapport d’experts

Exit a donc demandé une expertise scientifique sur la question. Prudents, les experts soulignent que, la plupart du temps, le désir de mourir est lié aux troubles psychiques. Dans de tels cas, l’assistance au suicide est exclue.

Il existe toutefois des cas où le désir de mourir est indépendant des troubles psychiques, jugent les experts. Les personnes disposent de toutes leurs capacités de jugement: leur désir de mourir est une décision mûrement réfléchie, qui doit alors être respectée.

Sur la base de ce rapport, Exit a donc décidé d’assister à nouveau ces personnes si elles désirent s’en aller. En assouplissant son moratoire, Exit a mis fin à la «discrimination intenable» des malades psychiques, observe le porte-parole de l’organisation Andreas Blum.

Expertise psychiatrique

Avant de donner son accord, l’organisation examinera toujours si la personne qui veut mourir a tout son discernement. Souvent cela se constate clairement dans la discussion, selon le porte-parole.

En cas de doute, l’organisation fera recours à l’un des médecins qui collaborent avec elle. Si ce dernier ne peut pas non plus prendre de décision, Exit exigera une expertise psychiatrique. En cas de doute de l’expert, elle refusera son aide.

Enquêtes pénales

En Suisse, l’aide au suicide n’est pas punissable pour autant que ses motifs ne soient pas «égoïstes». Et la personne qui désire mourir – qu’elle souffre ou non de troubles psychiques – doit être capable de discernement.

Deux enquêtes pénales ont été ouvertes à Zurich et à Bâle contre le psychiatre zurichois Peter Baumann qui a permis à des malades psychiques de mourir à l’aide d’un sac placé sur la tête et des calmants.

Le procureur zurichois Andreas Brunner doute que ces personnes aient décidé de mourir en toute conscience.

Avant Exit: Dignitas et SuizidHilfe

En Suisse, Dignitas et SuizidHilfe – les deux autres organisations du genre – accordaient déjà leur assistance aux personnes souffrant de troubles psychiques. La condition est la même que pour Exit: la décision doit être mûrement réfléchie et prise avec discernement.

swissinfo et les agences

Exit a été fondée à Zurich en 1982
Elle compte 50’000 membres
Exit est sans confession et apolitique
Elle assiste les personnes qui souhaitent mourir en raison d’une maladie incurable, de souffrances ou de handicaps insupportables

– Pour autant qu’il s’agisse d’un acte désintéressé, la loi suisse ne prévoit pas de sanctions pour l’assistance au suicide. Dans ce cas, c’est le patient qui accomplit le geste mettant fin à ses jours.

– En revanche, l’euthanasie active (geste accompli par un tiers) est interdite. En Europe, seuls les Pays Bas et la Belgique l’autorisent, à certaines conditions.

– La loi reste floue concernant l’euthanasie passive (renoncer à poursuivre une thérapie, par exemple) et l’euthanasie active indirecte (administrer de fortes doses de morphine, par exemple, sachant que cela va réduire la durée de vie du patient).

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