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Un début de crise pour les écoles internationales

Cet été, la Zurich International School (ZIS) fermera son campus de Baden, ouvert en 2007. Keystone

Une branche de la Zurich International School ferme ses portes en juillet, faute d’inscriptions suffisantes. Une faillite qui n’est pas unique. Mais cette crise ne touche pas également toutes les régions. Dans l’arc lémanique, les écoles internationales ne désemplissent pas.

Une fin d’après-midi en semaine, Laurent Wood, directeur de la SIS (Swiss International School) à Winterthour, regarde un groupe d’étudiants grimper à la corde sur une aire de jeux sur le toit de l’école. Les inscriptions à son école ont atteint un niveau record avec 112 étudiants. Néanmoins, Laurent Wood doit maintenant assurer aux parents concernés que son école est là pour rester. Et ce après la fermeture récente d’une autre école internationale à Zurich.

Au cours des années 2000, de nombreuses entreprises internationales relocalisées en Suisse ont apporté leurs équipes avec eux. Des expatriés qui voulaient une éducation internationale pour leurs enfants. De nouvelles écoles ont ainsi poussé dans tout le pays.

Mais l’évolution récente de l’économie et les incertitudes nées de la votation du 9 février 2014 sur l’éventuelle introduction de quotas pour les immigrants ont eu un impact tangible sur les écoles internationales, surtout en dehors des grandes villes où de nombreux expatriés ont élu domicile. En mai, l’International School Winterthur a fermé ses portes après avoir été déclarée en faillite. En juillet, l’École internationale de Zurich ferme son campus à Baden, et l’Ecole Internationale de Zoug et Lucerne va fermer son site de Lucerne l’année prochaine.

«Pas de doute, le marché de l’expatrié est tendu, explique Laurent Wood lors d’un entretien dans son bureau. Lorsque ces familles se déplacent ici, nous faisons de notre mieux pour les attirer et les garder. Il ne suffit plus d’attendre tranquillement leur venue. Ces temps sont révolus.»

Restriction à Zurich

Une décision prise en 2011 par Zurich empêche les enfants indigènes de fréquenter les écoles internationales du canton. Elle est entrée en vigueur l’année académique 2012-2013. Les autorités de Zurich étaient alarmées par le nombre croissant d’enfants de la région qui désertaient ainsi le système scolaire public.

Zurich a ainsi annulé une décision de 1998 permettant à quiconque de fréquenter les écoles internationales. Certains parents avaient choisi de donner à leurs enfants une éducation internationale pour qu’ils aient de meilleures compétences en anglais.

D’autres parents engagés par des entreprises multinationales y mettaient leurs enfants au cas où ils auraient reçu une affectation à l’étranger. 

Changement dans la loi

Durant la période de boom, Laurent Wood estimait que Winterthour était un marché assez grand pour deux écoles internationales, même si la population dépasse à peine les 100’000 âmes. Plusieurs entreprises mondiales y sont présentes. Winterthour accueille aussi des expatriés qui font la navette pour travailler à Zurich.

La fermeture de l’International School Winterthur (ISW) était donc inattendue. L’école invoque plusieurs facteurs: tout d’abord, moins d’entreprises sont prêtes à payer la totalité des frais de scolarité des écoles internationales pour les enfants de leurs employés, une tendance que les autres écoles internationales suisses ont également observée.

En outre, une décision datant de 2011 a imposé des restrictions aux enfants qui fréquentent les écoles internationales dans le canton de Zurich. Ce qui a conduit à un plus petit nombre d’étudiants admissibles. En 2013, 200 étudiants étaient inscrits à la SIE. Ce printemps, seuls 100 étaient présents, selon le journal local Der Landbote.

Les questions économiques ont également un impact. La crise financière de 2008, la vigueur du franc suisse, et le principe des quotas d’immigration approuvés par les électeurs en février 2014 ont freiné la venue de certaines entreprises.

Mais les effets varient selon les régions. La région lémanique s’en sort bien. En 2013, la Gems World Academy a ouvert ses portes à Etoy dans le canton de Vaud. L’Ecole Internationale de Genève, (8 écoles dans 3 campus à Genève) a encore des listes d’attente et rapporte que les inscriptions ont atteint un niveau record cette année. Un succès qui s’explique en partie par la présence des organisations internationales dans la région.

Regroupement

Rien de tel en Suisse alémanique. La fermeture de l’ISW a laissé en plan les parents et les élèves pour terminer l’année scolaire. L’Ecole Internationale de Schaffhouse est intervenue en prenant 30 nouveaux étudiants. La moitié de ces élèves va rester pour la prochaine année scolaire.

A Baden, une petite ville près de Zurich qui est devenu populaire auprès des expatriés, les parents ont eu plus de temps pour se préparer à la fermeture d’une autre école internationale cet été. La Zurich International School (ZIS) avait ouvert un nouveau campus à Baden en 2007 lorsque les perspectives économiques semblaient prometteuses.

Les écoles internationales en Suisse

Quarante-quatre écoles internationales sont regroupées sous l’égide du Groupe suisse des Ecoles Internationales (SGISLien externe).

Le nombre d’élèves fréquentant les écoles privées, qui comprennent des écoles internationales, varie considérablement d’un canton à l’autre.

Pour l’année scolaire 2012/2013, le pourcentage le plus haut d’élèves qui fréquentent l’école privée était atteint dans le canton de Bâle-Ville avec un taux de 12,6%. Il était suivi par le canton de Genève, où 9,1% des élèves fréquentaient une école privée. En 3e position, on trouve le canton du Tessin, avec 6,3%, suivi de Zoug avec 5,2% et de Zurich avec 5%.

Au début de l’année scolaire, la ZIS a dit aux parents que le campus de Baden fermerait ce mois de juillet et que les enfants pourrait être transférés dans l’un de ces quatre autres campus dans la région de Zurich Quelques 1500 enfants y sont actuellement inscrits et il y a des listes d’attente.

La réduction des effectifs

L’Ecole Internationale de Zoug et de Lucerne (ISZL) a également pris la décision de fermer son école de Lucerne (80 élèves) en juin 2016. L’ISZL se concentrera sur son emplacement d’origine dans le centre d’affaires international à proximité de Zoug, où 750 élèves sont inscrits. La plupart des élèves touchés par la fermeture de Lucerne se déplaceront sur le campus de Zoug.

L’ISZL ne prend en compte que les candidatures des familles expatriées. Elle a ouvert sa succursale de Lucerne en 2006. La croissance des effectifs a été lente, les entreprises internationales venues à Lucerne ayant apporté moins d’employés expatriés qu’attendu. Les inscriptions ont culminé à un peu plus de 100 étudiants en 2013 avant de baisser à nouveau, selon Laura Schoepfer, porte-parole de l’ISZL. «L’environnement a mûri, estime Laura Schoepfer. Et je pense que nous sommes en période de stabilité.»

À Winterthour, la SIS a également l’intention de rester à long terme. L’école propose un enseignement bilingue en allemand et en anglais, un concept qui aide à grandir malgré des conditions économiques plus difficiles, selon Ursula Gehbauer, cheffe de la direction du Swiss International SchoolsLien externe en Suisse, un réseau de 16 écoles en Suisse, en Allemagne et au Brésil.

(Traduction de l’anglais: Frédéric Burnand)

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