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Feu vert aux bolides de Formule 1

L'ultime GP de Suisse, en 1954, fut remporté par Juan Manuel Fangio. Keystone

Les courses de F1 sont interdites en Suisse depuis plus d'un demi-siècle. Mais la Chambre haute du Parlement a décidé mardi de lever l'interdiction.

Cette décision a été prise malgré l’opposition de la gauche et contre l’avis du gouvernement. Mais dans les faits, il y a peu de chances que les moteurs vrombissent à nouveau en Suisse.

Par 97 voix contre 77, la Chambre basse a soutenu le projet consécutif à une initiative parlementaire qui exige la levée de l’interdiction promulguée en 1955. En fait, il n’a pas été beaucoup question de Formule 1 lors du débat passablement animé.

Seul le cœur du démocrate du centre (UDC / droite dure) Ulrich Giezendanner, à la base de l’initiative parlementaire, a véritablement vibré à l’idée d’un prochain Grand Prix en Suisse. Mais certains partisans de la levée de l’interdiction, à l’instar du démocrate-chrétien (PDC / centre droit) Norbert Hochreutener, se sont même défendus d’être des fans de courses automobiles.

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Initiative parlementaire

Ce contenu a été publié sur L’initiative parlementaire permet à un député ou à un sénateur de déposer devant le Parlement un projet d’article constitutionnel, de loi ou encore d’arrêté. Ce projet peut être entièrement rédigé ou formulé en termes généraux. La commission de la Chambre où l’initiative a été déposée décide s’il y a lieu d’y donner suite. Par exemple,…

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Sports motorisés

Autoriser à nouveau des courses de sports motorisés ne veut pas dire que la Suisse aura son GP de F1, ont martelé les rapporteurs de la commission. Il s’agit de lever une interdiction fondée sur un événement tragique et sur des considérations de sécurité qui ne sont plus d’actualité, a expliqué le radical (PRD / droite) Jean-René Germanier.

Le but est avant tout de permettre à des investisseurs privés de construire un circuit destiné aux sports motorisés en général, selon lui. On pourra y organiser des courses de voitures ou de motos, mais aussi y exercer sa conduite, a expliqué le radical Philipp Müller.

L’infrastructure pourra aussi être utilisée par les fabricants suisses qui livrent actuellement des pièces pour les véhicules afin de tester leurs composants, a-t-il plaidé.

Environnement en danger

Les opposants ont surtout joué la carte environnementale. Ils ont mis en avant les nuisances engendrées par les courses motorisées, comme le bruit, la pollution de l’air ou la défiguration du paysage.

«Par rapport à septembre 2004 quand l’initiative a été approuvée, le contexte a changé. Aujourd’hui, nous sommes en plein débat sur le changement climatique. Autoriser la tenue de courses de F1 en Suisse donne un signal totalement faux», a avancé la socialiste Evi Allemann.

Pour le ministre de l’Environnement et des Transports Moritz Leuenberger, la priorité va aujourd’hui au tourisme durable, à la sécurité routière et à la lutte contre le réchauffement climatique. Soit tout le contraire du signal que l’on donnerait en levant l’interdiction des courses motorisées.

Peu de chance de voir des GP

Le dossier passe maintenant à la Chambre haute du Parlement. Traditionnellement plus à droite que leurs collègues députés, les sénateurs devraient en principe à leur tour accepter la levée de l’interdiction.

Mais les fans de F1 ne doivent pas se faire trop d’illusions; les chances de voir à nouveau un GP en Suisse sont plus que minces. En effet, le manque de terrains à disposition, des normes légales très strictes (par exemple en matière de bruit), ainsi que la possibilité de s’opposer à des projets de construction mettent de très sérieux bémols à d’éventuels projets.

Pour mémoire, la ville de Zurich a eu toutes les peines du monde à construire un nouveau stade de football en vue de l’Euro 2008 en raison de l’opposition d’une organisation écologiste. On imagine dès lors les difficultés pour un circuit de F1…

swissinfo avec les agences

L’histoire de la Formule 1 compte six Grands Prix de Suisse.

Cinq d’entre eux se sont déroulés de 1950 à 1954 sur le circuit de Bremgarten, dans le canton de Berne.

Mais la Suisse a interdit les courses automobiles sur son sol suite à la tragédie des 24 Heures du Mans (1955), le plus grave accident de la course automobile de l’histoire. Suite à un choc, une voiture s’envole et explose. Les débris atterrissent dans le public. Bilan : 82 morts et une centaine de blessés.

Le Grand Prix de Suisse sera recouru à une seule occasion, le 29 août 1982, sur le circuit de Dijon (France).

La Suisse a compté au total 29 pilotes présente sur les circuits de F1. Les deux plus célèbres sont le Fribourgeois Joseph Siffert (2 victoires, 6 podiums; tué lors d’une course à Brands Hatch en 1971) et le Tessinois Clay Regazzoni (5 victoires, 28 podiums; reste paralysé au GP de Long Beach en 1980 et décédé lors d’un accident de la circulation en 2006).

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