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Feu vert pour négocier un nouvel accord sur la protection du climat

A Bali, Moritz Leuenberger a promis que la Suisse baisserait ses émissions de CO2. Keystone

Réunie à Bali, la communauté internationale est parvenue à un accord. Samedi, les représentants de plus de 180 pays ont accepté de lancer les négociations sur le futur régime de lutte contre le réchauffement climatique.

Côté suisse, le ministre de l’Environnement Moritz Leuenberger juge ce résultat meilleur qu’attendu, notamment en raison de la participation de pays, comme les Etats-Unis, qui n’avaient pas adhéré au Protocole de Kyoto.

Les participants de la conférence de l’ONU sur le climat ont convenu de lancer les négociations en vue de conclure, d’ici 2009, un nouvel accord sur la lutte contre le réchauffement climatique, remplaçant le Protocole de Kyoto de 1997.

Le compromis adopté samedi, qui intervient à l’issue de longues séances de discussions, ne fait aucune référence à des objectifs chiffrés de réduction des gaz à effet de serre. Il renvoie au rapport des experts du Groupe d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), qui suggèrent eux un niveau de réductions des émissions.

Accord des Etats-Unis

Peu auparavant, les Etats-Unis avaient annoncé lever leurs objections à un projet de compromis général. Les Etats-Unis, le Japon et plusieurs gouvernements s’opposaient à ce que le document final contienne une proposition de baisse des émissions de gaz à effet de serre (GES) des pays industrialisés de 25% à 40% en 2020. A leurs yeux, des objectifs spécifiques limiteraient la portée de discussions futures.

A l’inverse, l’UE et d’autres estimaient que les objectifs chiffrés reflètent les mesures jugées nécessaires par les scientifiques pour ralentir le réchauffement global et limiter l’élévation du niveau des océans, l’aggravation des inondations et des sécheresses, et l’extinction d’espèces animales et végétales.

Les participants de la conférence de Bali se sont finalement mis d’accord – sous les applaudissements – pour lancer le processus de négociations en vue de donner suite au protocole de Kyoto, qui expire en 2012.

Ce protocole, que les Etats-Unis n’ont pas ratifié, contraint 36 pays industrialisés à réduire d’ici 2012 leurs émissions de GES de 5% en moyenne par rapport aux niveaux de 1990. L’Australie a annoncé début décembre son intention de ratifier le traité. Les Etats-Unis vont ainsi devenir la seule grande puissance économique à s’y refuser.

Mais aujourd’hui, certains experts estiment que la Chine est désormais le premier pollueur de la planète et l’Inde suscite des préoccupations grandissantes. Ces circonstances devraient peser sur les négociations d’un nouveau traité, censé entré en vigueur en 2012.

Satisfaction suisse

L’accord conclu à Bali réjouit le ministre suisse de l’Environnement Moritz Leuenberger. Les objectifs principaux ont été atteints, a-t-il déclaré.

Les participants à la conférence se sont mis d’accord sur un calendrier impératif auquel tous les pays participeront, y compris les Etats-Unis, le Brésil et la Chine, a souligné Moritz Leuenberger. L’évolution des Etats-Unis par rapport au Protocole de Kyoto a particulièrement impressionné le ministre de l’Environnement. Pour ce dernier, la communauté internationale a réussi à rappeler ce pays à ses devoirs.

Le chef du ministère suisse de l’Environnement, des Transports, de l’Energie et de la Communication (DETEC) est convaincu que si tout le monde collabore de manière constructive, la feuille de route de Bali ne se transformera pas en un tigre de papier. Le fait que les pays aient signé atteste d’une volonté d’entreprendre. Il reste toutefois beaucoup à faire.

swissinfo et les agences

1992: A Rio de Janeiro, le Sommet mondial de la Terre engendre une Convention cadre promulguée par l’ONU sur les changements climatiques (UNFCC)

1997: Le protocole du 11 décembre 1997, signé à Kyoto, au Japon, est le premier document qui formalise une série de mesures concrètes que les pays industrialisés, signataires du document, doivent adopter afin de freiner le réchauffement global.

2005: Entrée en vigueur du Protocole de Kyoto, ratifié 8 ans plus tôt par 130 pays.

2007: La 13e conférence de l’UNFCC s’est tenue sur l’île indonésienne de Bali du 3 au 14 décembre. Objectif: fixer un ordre de marche d’ici 2009, portant sur un accord international visant à réduire les émissions de CO2 au-delà de 2012.

Quelque 170 pays ont adhéré au Protocole de Kyoto. Les pays industrialisés, signataires de l’accord, se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre d’au moins 5%, entre 2008 et 2012, par rapport aux valeurs enregistrées en 1990. L’UE et la Suisse se sont fixé la barre à 8%.

Ces taux pourront être atteints grâce à des mesures de politique interne, telles que la promotion d’énergies renouvelables, l’amélioration du rendement énergétique ou, en compensant leurs émissions à l’étranger, par le biais des mécanismes dits «flexibles», prévus par le Protocole.

De tels instruments permettent ainsi aux pays en voie de développement d’acquérir des certificats d’émission auprès d’Etats dont la production de CO2 est inférieure à leur quota. Les mesures de compensation peuvent en outre être réalisées en soutenant dans ces pays des projets recourant à des technologies propres.

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