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Athlète complet du spectacle, David Dimitri emballe Paris

Le spectacle de David Dimitri se déroule aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du chapiteau. Photo Raoul Gilibert

Les Parisiens, qui ne connaissaient que le père clown, découvrent le fils, «L’homme-cirque», funambule, homme-canon, acrobate, dresseur de cheval en bois, clown à sa façon, auteur, interprète et même technicien d’un spectacle tout en finesse.

Pour la première fois, David DimitriLien externe joue son spectacle à Paris. Et pas n’importe où: au «104», lieu très en vogue situé dans les quartiers populaires du nord de la capitale française.

Le funambule a monté son chapiteau sur le béton du «104», bâtiment qui a accueilli pendant près d’un siècle le service municipal des pompes funèbres de Paris. «En général, on s’installe sur un bout de gazon, ce qui amortit le choc quand je saute. Ici, ça fait un grand ″crac″», sourit le funambule.

Un détail. Le charme de «L’homme-cirqueLien externe» opère immédiatement. Sa finesse, sa malice enfantine ravissent le public parisien. Et quand David Dimitri, marchant sur une corde, quitte son chapiteau par une fenêtre trouée dans la toile et invite le public à le rejoindre dehors, les spectateurs suivent religieusement, les yeux en l’air, retenant leur souffle, le funambule à 15 mètres du sol.

Les conseils de Dimitri

Pas facile de classer David Dimitri, qui tourne «L’homme-cirque» depuis une dizaine d’années, en Europe et aux Etats-Unis, dans une catégorie. Nouveau cirque, c’est-à-dire sans animaux mais avec une dramaturgie qui ficelle le tout? Ou cirque traditionnel ?

David se fiche des étiquettes. «Au début, j’ai travaillé avec un metteur en scène qui m’a poussé à construire une histoire, à travailler une thématique. Un échec total. Alors je suis allé voir mon pèreLien externe, qui m’a dit: ‘Qu’est-ce que tu sais faire?’ Et on a cherché la simplicité.»

BIO

1963 Naissance de David Müller.

1977 Formation à la State Academy for Circus Arts à Budapest. Puis études de danse dans la célèbre Juilliard School à New York.

A partir des années 1980, il travaille notamment au Cirque du Soleil, au Big Apple Circus de New York et au Metropolitan Opera à New York.

2001 Création de «L’homme-cirque». David Dimitri l’a notamment joué au Lincoln Center Festival à New York, au festival Juste pour rire (Montréal) et au Festival d’Avignon.

2015 David Dimitri pratique régulièrement des exercices de haute voltige. Dernier en date: en janvier, à la cérémonie d’ouverture des expositions à Pilsen (République tchèque), ville européenne de la culture 2015.

David voulait appeler son spectacle Circus Factory, mais un diplomate français lui a proposé «L’homme-cirque». Un titre ambitieux, qu’il a bien fallu assumer. David Dimitri, 52 ans, est funambule, homme-canon, acrobate, dresseur de cheval en bois. Et clown à sa façon.

Homme à tout faire

Et ce n’est pas tout. Entre deux numéros, David ouvre délicatement une sorte de boîte à cigares et enclenche la musique suivante. Le régisseur lumière, c’est lui, le technicien son aussi. C’est encore lui qui conduit son camion-remorque sur les routes d’Europe. Lui qui monte son chapiteau pendant deux journées éprouvantes, aidé par ses hôtes du moment.

«Au début, c’était pour des raisons économiques, raconte le funambule. Il fallait que le spectacle soit bon marché. Et puis je m’y suis habitué.»

L’art de David Dimitri tient dans son sens du détail, dans ces petits riens qui viennent contrarier la route trop droite du funambule. Comme ces crottes d’un cheval de bois que l’athlète ne sait comment ramasser. Ou ces lacets qu’il faut nouer au pire des moments.

Apprendre la longévité

A Paris, à la fin du spectacle, une troupe de circassiens plus tout jeunes, les Castors, des antipodistes (ils jonglent avec les pieds) viennent féliciter David et lui rappellent le bon temps de Knie et d’autres grands cirques, quand le petit David et ses frères et sœurs accompagnaient sur scène le grand Dimitri.

Aujourd’hui, après tant d’années et de travail ensemble, chacun suit sa route. Le clown, qui aura 80 ans en septembre, tourne encore, à en faire pâlir ses contemporains, dans son Tessin natal et en Suisse alémanique. Parfois avec ses filles Masha et Nina, dans un spectacle «intergénérationnel».

«Mon père m’a beaucoup appris: l’honnêteté, la simplicité, le sens du détail.» Et la longévité. «Je pourrais faire davantage de saltos. Mais je préfère prendre soin de mon corps, pour pouvoir jouer encore au moins dix ans», confie le circassien. Son hilarant numéro d’homme-canon, David Dimitri l’exécutait tête nue jusqu’à une mauvaise chute aux Etats-Unis. Depuis, il porte un casque diablement vintage, offert par le Théâtre de Vidy.

 

* «L’homme-cirque», jusqu’au 22 mars au 104Lien externe, 5 rue Curial, 75018 Paris.

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