Crossair a du pain sur la planche

La nouvelle compagnie doit notamment définir son nom. Keystone

Ce week-end, Zurich a donné un sérieux coup de pouce à la nouvelle compagnie nationale. Mais, avant le décollage, les obstacles sont encore nombreux.

Après des mois de déconvenues à répétition, c’est un vent d’optimisme – certes encore prudent – qui souffle ce lundi sur l’aviation civile suisse. Motif: le feu vert donné ce week-end par les Zurichois à la participation de 300 millions de francs de leur canton dans le capital de la nouvelle compagnie (55,5% de oui).

On peut donc désormais y croire. C’est en tout cas ce que semblent s’être dits les marchés financiers. L’action Crossair a en effet bondi lundi matin, peu après l’ouverture, pour finalement, au long de la journée, s’essouffler et terminer en légère baisse, à 53,25 Francs (-0,5%).

Ce qui est sûr, c’est que la décision zurichoise va servir de signal aux autres cantons. Ce qui devrait permettre d’atteindre la part de 451 millions réservée aux pouvoirs publics, excepté la Confédération (qui participe à hauteur de 600 millions),au sein du capital de Crossair.

Dimanche la compagnie a d’ailleurs signalé qu’environ 2,24 milliards de fonds propres avaient déjà été réunis. En ajoutant qu’ainsi c’est la variante maximale, qui prévoit la reprise de 52 appareils de Swissair, qui allait pouvoir être réalisée.

Optimisme donc. Mais qui ne doit pas cacher les très nombreuses incertitudes qui planent encore sur le projet. En voici quelques-unes:

Le plan 26/26 est-il viable?

Les dirigeants de Crossair en sont convaincus. «Depuis le début ce plan est basé sur une analyse du marché. Cela n’a jamais été un truc politique»,argumentait dimanche Paul Kurrus, responsable des affaires politiques chez Crossair.

Pourtant, certains observateurs considèrent cette variante comme surdimensionnée, par rapport au potentiel de la nouvelle compagnie, en particulier l’étroitesse du marché suisse.

Quel nouveau nom?

Reprendre Crossair (pas assez connu mondialement), Swissair (avec les risques juridiques que cela entraînerait), opter pour Swiss (mais un nom géographique peut-il devenir une marque?) ou autre chose encore?

Les membres du conseil d’administration planchent en ce moment même sur la question, en examinant les propositions fournies par quatre agences spécialisées. Une décision pourrait tomber ce lundi déjà.

Quelle alliance?

Tout le monde est d’accord sur ce point: la nouvelle compagnie aérienne doit s’intégrer dans une alliance mondiale: Oneworld (British Airways, American Airways). Star Alliance (Lufthansa, United Airlines) ou Skyteam (Air France, Delta). Mais laquelle?

Ce week-end, la SonntagsZeitung croyait savoir que des négociations privilégiées avec l’allemande Lufthansa étaient en cours. Démenti d’André Dosé, le directeur-général de Crossair, ce lundi dans le Tages Anzeiger: aucune décision n’a été prise.

Quels salaires?

Maintenir les coûts à un faible niveau: c’est l’une des valeurs cardinales du projet de nouvelle Crossair. Comment, dans ces conditions, intégrer le personnel venu de Swissair, et beaucoup mieux payé? Un problème particulièrement aigu du côté des pilotes.

Les anciens de Swissair posent leurs conditions, mettant au passage en doute les standards de sécurité de Crossair. Leurs confrères bâlois, eux, rejettent avec force l’idée d’une compagnie à deux classes. La direction a jusqu’à fin mars pour conclure de nouvelles conventions collectives.

Pierre Gobet, Zurich