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Flash Airlines était interdite en Suisse

Le Boeing 737-300 photographié fin septembre 2002 à Kloten. Keystone Archive

L'appareil de Flash Airlines, qui s'est abimé samedi en Mer Rouge, présentait de graves problèmes qui mettaient en danger la sécurité des passagers.

L’Office fédéral de aviation civile suisse l’avait constaté en octobre 2002. Mais, par respect de la confidentialité, ces lacunes n’ont pas été communiquées publiquement.

“Une série de défauts a été constaté dans un avion de Flash Airlines lors d’un contrôle de sécurité de routine à l’aéroport de Zurich en octobre 2002”, a affirmé une responsable du bureau de l’aviation civile suisse, Célestine Perissinotto.

Mais elle a précisé qu’elle ne pouvait pas donner de détails, ni dire quel type d’avion avait eu des problèmes en Suisse. Elle a toutefois ajouté que Flash Airlines disposait de deux avions.

“Cela concernait des violations aux règles de l’Organisation internationale de l’aviation civile, a-t-elle souligné. Flash Airlines mettait en danger la sécurité aérienne.»

Les autorités égyptiennes, en tant qu’autorités de tutelle, et la compagnie ont reçu le protocole établi à la suite de ce contrôle. Et, depuis lors, Flash Airlines n’a plus fourni les garanties nécessaires à l’obtention d’une nouvelle autorisation, selon l’OFAC.

L’appareil contrôlé, dont on ignore s’il s’agissait du Boeing 737 qui s’est abîmé samedi matin au sud de la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh, a pu quitter le territoire helvétique après avoir effectué «quelques réparations», a ajouté Mme Perissinotto, sans plus de précisions.

La porte-parole n’a pas souhaité dire si les défauts constatés en matière de sécurité pouvaient engendrer des problèmes majeurs et réduire les capacités de vol de l’appareil.

Pas aux normes helvétiques

Les appareils de la compagnie privée ne pouvaient ainsi plus survoler le territoire suisse, ni encore moins atterrir, jusqu’à la remise aux normes helvétiques.

C’est une mesure extrêmement rare. En tout, une dizaine de compagnies aériennes sont actuellement interdites de vol ou en attente d’être inspectées en Suisse.

“Aussi longtemps que ces lacunes n’ont pas été corrigées, la compagnie n’est plus autorisée en Suisse”, a déclaré la responsable de l’OFAC.

Il n’empêche qu’un de ses avions avait pu atterrir à Genève l’an dernier pour des raisons exceptionnelles, a-t-elle confié.

Cet avion devait atterrir à Paris, mais il avait été dérouté vers Genève en raison du mauvais temps, a-t-elle poursuivi.

Les autorités suisses ont demandé à la compagnie d’expliquer pourquoi elle avait besoin d’atterrir à Genève, mais “ces explications étaient également insuffisantes. La situation ne s’était pas améliorée”.

Pas d’information publique

En revanche, la compagnie a continué de desservir des destinations européennes comme l’Italie ou la France.

Selon la procédure, l’OFAC a mis son rapport d’inspection à la disposition des quarante pays membres du programme européen SAFA de sécurité des aéronefs étrangers, a ajouté Mme Perissinotto.

Mais la Suisse n’a pas informé publiquement de l’interdiction dont avait été frappée la compagnie en vertu d’une clause de confidentialité prévue par le programme SAFA.

Les normes suisses se basent sur les normes minimales européennes et internationales.

Elles peuvent également aller au delà, les prescriptions minimales étant complétées dans certains domaines, comme la sécurité, par des ordonnances et règlements adoptées par le Conseil fédéral.

Les normes minimales émanent de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) et des Autorités conjointes de l’aviation (JAA, 33 pays membres).

Thèse de la panne

La Suisse effectue des contrôles réguliers des avions suisses ou étrangers sur ses aéroports.

En cas de violation des prescriptions, l’OFAC peut imposer à la compagnie coupable des restrictions à l’exploitation. Les sanctions peuvent aller jusqu’au retrait de la certification, ce qui a été appliqué à Flash Airways en 2002.

Après le crash de samedi matin qui a fait 148 victimes et aucun survivant, les autorités égyptiennes et françaises privilégient la thèse de la «panne technique» non précisée.

Flash Airlines appartient à des hommes d’affaires égyptiens et italiens et opère des vols charters depuis six ans, a précisé l’un de ses responsables.

swissinfo et les agences

– Un Boeing 737 de la compagnie charter égyptienne Flash Airlines s’est abîmé samedi matin en mer Rouge, quelques minutes après le décollage de la station balnéaire de Charm el-Cheikh.

– Au moins 133 touristes essentiellement français, dont des familles entières, ont péri dans cet accident.

– Il n’y a aucun rescapé parmi les 148 personnes à bord, selon les autorités égyptiennes qui privilégient l’hypothèse de l’accident.

– Les avions de la compagnie avaient été interdits en Suisse en octobre 2002 parce qu’ils mettaient en danger la sécurité aérienne.

– Mais depuis, l’Office de l’aviation civile n’avait reçu aucune nouvelle de la compagnie ou des autorités égyptiennes. Apparemment, rien n’avait été fait pour remédier aux problèmes.

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