Le scandale Enron éclabousse l’UBS

Aux Etats-Unis, une plainte collective a été déposée contre PaineWebber, la filiale de l'UBS. Et le Congrès se mêle de l'affaire.
La plainte est déposée par des clients de PaineWebber qui ont essuyé des pertes financières quand l’action Enron s’est effondrée l’an dernier. Dans les documents qu’ils ont remis au tribunal fédéral de Houston – où se trouve le siège d’Enron -, les plaignants accusent la filiale de l’UBS d’avoir usé «de manipulations et de tromperies» pour recommander aux investisseurs d’acheter des actions de la firme texane.
Les plaignants estiment que PaineWebber a préféré protéger ses relations privilégiées avec Enron. Plutôt que de préserver les intérêts de ses autres clients.
Les explications de l’UBS insuffisantes
«Beaucoup de hauts responsables d’Enron avaient des comptes chez PaineWebber», souligne Janice Schuette, l’un des plaignants. Le Washington Post confirme que le bureau de Houston de la filiale de l’UBS gérait les portefeuilles de nombreux employés d’Enron, à commencer par le fondateur et patron de l’ancien géant du courtage en énergie, Kenneth Lay.
La possibilité d’un conflit d’intérêts entre les activités de gestion et de conseil de PaineWebber fait d’ailleurs l’objet d’une enquête au Congrès. Henry Waxman (élu de Californie et chef du groupe démocrate à la Commission de Réforme Gouvernementale de la Chambre des Représentants) est en contact avec les plaignants. Et il a demandé des explications à la filiale de l’UBS.
Jusqu’à présent, ce puissant parlementaire estime que les informations qui lui ont été fournies par PaineWebber «ne permettent pas d’expliquer avec précision si, oui ou non, PaineWebber a agi dans l’intérêt de ses clients».
Le titre avait perdu la moitié de sa valeur
La plainte collective est le fruit des révélations de M. Waxman sur le licenciement d’un analyste de PaineWebber. Le 21 août dernier, Chung Wu, qui travaillait à Houston, a envoyé un courrier électronique à 73 clients en leur indiquant qu’Enron avait des problèmes financiers et en leur conseillant de vendre leurs actions de la firme texane.
Au vu de ce message, des responsables d’Enron ont immédiatement demandé aux supérieurs de M. Wu de «s’occuper de la situation». Le lendemain, l’analyste a été limoge et son e-mail contredit par la direction.
A l’époque, UBS-PaineWebber recommandait fortement l’action Enron à l’achat (« strong buy »). Alors que, depuis le début 2001, le titre avait déjà perdu plus de la moitié de sa valeur.
Une plainte injustifiée, selon l’UBS
Les plaignants qui se considèrent lésés par les conseils d’UBS-PaineWebber pourraient, selon le magazine alémanique Cash, revendiquer jusqu’à un milliard de dollars de dommages-intérêts. Le porte-parole de l’UBS Christoph Meier dit ne pas être en mesure de confirmer cette information.
Toutefois, il ajoute que la banque d’affaires a l’intention d’utiliser tous les moyens juridiques à sa disposition pour lutter contre une plainte qu’elle juge «injustifiée».
swissinfo/Marie-Christine Bonzom à Washington

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