Les paysans inventent les «blocus volants»

Les paysans d'Uniterre ont levé jeudi leurs blocus à La Chaux-de-Fonds et à Ecublens. D'autres producteurs ont pris la relève à Marin, Givisiez et à Fribourg.
En dépit de quatre jours de siège, les agriculteurs n’ont pas pu discuter avec les directions générales de Coop et de Migros, a expliqué le secrétaire d’Uniterre Fernand Cuche. L’objectif reste de négocier une hausse des prix à la production de la viande bovine avec les deux grands distributeurs.
Rebondir en déplaçant les barrages
Les deux géants alimentaires ont pu s’organiser en dépit des barrages, a constaté Fernand Cuche. Il était nécessaire de rebondir et de se déplacer ailleurs, a expliqué le syndicaliste qui espère que le mouvement gagnera la Suisse alémanique.
M. Cuche s’est réjoui de l’ampleur de la mobilisation paysanne. «En 20 ans, je n’ai jamais rien vu de tel». D’autres mouvements se sont spontanément constitués à Givisiez (FR), à Fribourg et à Marin (NE).
Les 150 manifestants d’Ecublens ont été invités à rejoindre ces nouveaux points de blocage. Une quarantaine parmi les éleveurs qui avaient fait le siège du centre de distribution Coop de La Chaux-de-Fonds ont pris la route pour Marin, jeudi après-midi.
Le départ d’Ecublens n’est pas une capitulation a souligné Fernand Cuche, «mais il faut tenir compte des conséquences juridiques et financières d’un maintien du blocus», a-t-il ajouté.
Deux plaintes pénales ont en effet été déposées par Migros et Coop suite aux occupations d’Ecublens et de La Chaux-de-Fonds. A Marin, la direction de Migros a également déposé une plainte pénale pour violation de domicile jeudi soir.
Des procédures civiles en dommages et intérêts sont en outre en cours, et pourraient se chiffrer en centaines de milliers de francs, a par ailleurs rappelé Fernand Cuche.
Deux opérations en pays de Fribourg
Dans le canton de Fribourg, plus de 150 paysans bloquent depuis jeudi midi deux centres de distribution Coop à Givisiez et à Fribourg. «Il reste peu de denrées périssables sur place, le gros des livraisons ayant été effectué ce matin, a expliqué le directeur des deux sites», Ernest Schaer.
Les paysans fribourgeois parlent également d’investir les abords de la boucherie Migros à Courtepin, mais rien n’est encore décidé, a précisé le président de la section fribourgeoise d’Uniterre, Jacques Barras. La situation est vraiment grave, selon lui. «Les paysans sont tellement remontés qu’ils prennent les choses en main spontanément.»
Les agriculteurs sont en effet organisés pour un siège de plusieurs jours. Ils ont allumé un feu de bois dans un tonneau et la paille pour la nuit est au sec dans les remorques. Ils gardent le moral en dépit du froid, de la pluie et de la stagnation des négociations. Ils ont reçu jeudi le soutien d’une petite délégation de sans-papiers.
Action d’étiquetage à Genève
A Genève, une vingtaine de manifestants ont investi jeudi un centre Coop et un magasin Migros pour coller des étiquettes sur les produits dans les étalages. On pouvait y lire des slogans hostiles aux OGM ou qui dénonçaient les conditions de travail des ouvriers agricoles dans certains cantons.
Cette action, organisée par la Commission internationale d’UNITERRE, a reçu le soutien du Syndicat Industrie et Bâtiment (SIB), du Syndicat interprofessionnel des travailleuses et travailleurs (SIT) et du Parti écologiste suisse. En revanche, elle n’a pas été suivie par la Chambre agricole genevoise (CAG).
Patrice Mugny, coprésident des Verts, a estimé que le combat des producteurs et celui des syndicats devaient être menés de front. «Comment voulez-vous que les patrons versent des salaires décents à leurs ouvriers, si eux-mêmes ne sont pas correctement rémunérés pour leurs produits».
Les agriculteurs réclament notamment une hausse de deux francs par kilo du prix de la viande de bœuf à la production.
swissinfo avec les agences

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