La voix de la Suisse dans le monde depuis 1935

Pékin défend bec et ongles ses poulets

Une grande partie du poulet exporté de Chine provient pour l'essentiel de Weifang, dans l'est du pays. Keystone Archive

La Chine refuse des contrôles de qualité indépendants chez elle. L'affaire des poulets aux antibiotiques, interdits d'importation en Suisse, l'irrite.

«Nous n’avons rien à cacher. Mais nous préférons attendre quelques semaines avant de vous ouvrir nos portes. Vous comprenez, il y a tellement de mauvaises nouvelles sur le poulet chinois en Suisse en ce moment». Le moins que l’on puisse dire c’est que les exportateurs suisses de viande de poulet établis en Chine sont sur la défensive.

Ils préfèrent attendre que la tempête soit passée avant d’en dire davantage. Notamment sur le fait qu’une grande partie du poulet exporté de Chine – celui qui atterrit dans les rayonnages helvétiques – provient pour l’essentiel de Weifang, dans la province du Shandong, à l’est du pays.

Une question de souveraineté et de monopole

Cette région s’est spécialisée dans la production maraîchère et les batteries de volailles. Elle est présentée par les autorités locales comme un modèle.

Les producteurs établis sur place garantissent la qualité de leur produit. Mais, note un diplomate suisse, les autorités sanitaires chinoises refusent que des contrôles indépendants soient effectués sur leur territoire. C’est une question de souveraineté et de monopole, sans doute.

Début février, la Chine a fait parvenir de nouvelles informations à Berne concernant des protocoles de contrôle de l’élevage des animaux. L’enjeu concerne l’étiquetage du poulet. Les producteurs chinois, les importateurs et les distributeurs suisses désiraient que la mention de l’utilisation d’antibiotiques n’apparaisse plus sur les emballages.

Le conseiller commercial de la délégation de l’Union européenne (UE) à Pékin, Franz Jessen, n’est pas surpris par la décision suisse de ne pas interdire le poulet chinois, contrairement à l’UE.

«Chaque pays à ses propres critères, précise Franz Jessen. L’UE est plus stricte que d’autres car nous avons eu la vache folle. Il se peut que le poulet exporté vers la Suisse soit tout à fait propre à la consommation. Nos experts disent seulement qu’il existe des défaillances dans le système chinois de contrôle des résidus d’antibiotiques».

Des régions à l’index

L’UE avait interdit l’importation de poulet chinois durant cinq ans avant de lever son embargo en mai. Une liste de régions d’élevage autorisé avait été établie. Weifang en faisait partie.

La Commission européenne s’est donnée jusqu’au 14 mars pour confirmer son interdiction sur la viande chinoise. À Pékin, on dénonce cette décision «non scientifique», «injuste» et «irresponsable».

Les autorités chinoises rappellent qu’elles ont établi un système «relativement complet» de contrôle des résidus en 1999 et que le chloramphénicol a été retiré du code vétérinaire 2000.

Frédéric Koller, Pékin

Les plus appréciés

Les plus discutés

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision