Recensement via internet: un projet pilote vers un e-gouvernement

Première européenne, la population suisse pourra remplir le formulaire de recensement 2000 via internet. L'Office fédéral de la statistique présente ce projet pilote comme un premier pas vers une «cyberadministration».

Jésus est né à Bethléem, parce que Joseph et Marie se rendaient à un recensement de la population… Oui, rappelons-le, le recensement est une pratique qui existe depuis une éternité. Au cours des siècles, elle s’est simplement affinée.

Les habitants de Suisse devront donc répondre d’ici le 5 décembre prochain à moult questions. Car recensement ne signifie pas simplement compter le nombre de résidents, mais procéder à une véritable radiographie de la société. Il s’agira en effet de donner toutes sortes de renseignements confidentiels notamment sur sa vie familiale, professionnelle ou confessionnelle.

Et le recensement de l’an 2000 s’annonce comme une première européenne. Après Singapour et les Etats-Unis, les habitants de Suisse pourront remplir leur questionnaire via internet. Le programme «e-census» de l’Office fédéral de la statistique (OFS) est une version électronique conçue en collaboration avec des entreprises leaders des technologies de la communication.

Claude Gisiger, le responsable du projet, rappelle que sa mise en place n’a pas été une mince affaire. Il a fallu notamment pouvoir garantir la sécurité et la confidentialité des informations, grâce à des technologies de cryptage.

Les normes de sécurité d’«e-census» ont été définies l’Office fédéral de l’informatique et de la communication, puis contrôlées par l’Institut d’ergonomie de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich.

De plus, la version électronique du recensement fédéral de l’an 2000 est soumise à une protection spéciale qui la sépare de toutes les autres banques de données et réseaux de l’OFS. Et elle offre une sécurité semblable à celle en vigueur lors de transactions bancaires.

Potentiellement, près de 90 pour cent de la population a la possibilité de répondre au questionnaire par internet. Selon l’Office fédéral de la statistique, 5 à 20 pour cent de la population pourrait effectivement profiter de cette opportunité.

Dans tous les cas, l’objectif d’«e-census» dépasse largement le simple cadre du recensement. Pour l’administration fédérale, il s’agit en fait d’un projet-pilote destiné ensuite à être développé. Les expériences faites au cours de ce recensement permettront d’élaborer d’autres relevés statistiques, de concevoir des projets – comme le vote par internet – mettant en place à l’avenir une véritable «cyberadministration».

Pour les utilisateurs, la version électronique du recensement devrait être plus simple que la version papier. Pour ceux qui analyseront les données, la version électronique devrait être plus fiable.

En effet, «e-census» est un programme élaboré qui pose des questions en fonction des réponses. Ainsi, celui qui répond avoir 15 ans ne voit pas apparaître des questions sur son mariage, ses enfants ou ses diplômes universitaires! De plus, le système vérifie automatiquement si les réponses sont complètes et cohérentes. Enfin, la version électronique permettra de réduire les coûts, dans la mesure où les données seront déjà introduites sur ordinateur.

Bref, répondre au recensement via internet, c’est déjà participer au fonctionnement électronique de l’administration de demain. «e-census» constitue en effet un test important sur le degré d’acceptation par la population suisse des nouveaux médias électroniques.

Catherine Miskiewicz