Sécheresse en Afrique, situation d’urgence
La Suisse salue l’appel des Nations-Unies pour une action renforcée et rapide au Niger et dans les pays voisins, menacés d’une terrible famine.
La Direction du développement et de la coopération (DDC) a déjà pris des mesures pour contribuer à la lutte contre les effets combinés de la sécheresse et des criquets, qui ont ravagé la région.
L’acheminement de l’aide d’urgence au Niger devrait connaître une accélération rapide cette semaine. L’Union africaine a débloqué une aide d’urgence d’un million de dollars. Elle a également appelé ses membres et la communauté internationale à délier les cordons de la bourse afin d’éviter un «désastre humain».
Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies compte pour sa part distribuer cette semaine plus de 4000 tonnes d’aide alimentaire d’urgence dans les zones du pays les plus affectées par la malnutrition. L’opération devrait concerner 270’000 personnes.
L’agence onusienne achemine aussi par camion 550 tonnes de pois cassés et 2000 tonnes de riz en provenance de Lomé. Elle doit en outre mettre en place un pont aérien entre Brindisi, dans le sud de l’Italie, et le Niger afin de distribuer 40 tonnes de biscuits protéinés pour les enfants et des équipements (tentes, véhicules, etc.).
La Suisse aussi
La Suisse a de son côté débloqué 832’000 francs depuis le mois de mai pour fournir de l’aide alimentaire d’urgence au Niger, indique lundi la DDC. Ces fonds viennent s’ajouter aux douze millions de francs que la Suisse consacre chaque année au Niger.
«Nous sommes présents au Niger, au Mali au Burkina Faso depuis plus de 30 ans, explique Jean-Philippe Jutzi, porte-parole de la DDC. Et nous savions depuis l’année dernière que la sécheresse menaçait».
«Ce printemps déjà, nous avons augmenté le montant de notre contribution aux programmes de distribution de nourriture au Niger et au Mali. Au Burkina, la situation semble moins grave, ce qui ne nous empêche pas de la suivre de près. Par contre, nous n’avons pas de programme en Mauritanie. On ne peut hélas pas être partout».
Extrêmement critique
En raison d’une sécheresse exceptionnelle et d’une invasion de criquets pèlerins qui ont détruit récoltes et pâturages en 2004, le Niger est victime depuis plusieurs mois d’une grave pénurie alimentaire et d’un début de famine.
Aucun chiffre sur la mortalité due à la malnutrition n’est officiellement disponible. Au 20 juillet, environ 1,6 million de personnes se trouvaient en situation «critique» ou «extrêmement critique», selon les autorités nigériennes.
Selon le coordinateur de l’ONU pour les secours d’urgence, Jan Egeland, 150’000 enfants sur 800’000 concernés souffrent de grave malnutrition et risquent de mourir bientôt s’ils ne sont pas soignés.
Le pire reste à venir
Pour Médecins sans frontières (MSF), le pire est encore à venir, car la population, qui vit à 80% de l’agriculture vivrière, n’a plus à manger. Et les prochaines récoltes n’auront pas lieu avant la fin septembre.
«Les greniers sont quasiment vides, les paysans ont tout mangé. De plus, c’est la saison des pluies et donc le cas des enfants malnutris est aggravé par les diarrhées et le paludisme», déclare la cheffe de mission de MSF au Niger, en prévenant qu’on risque d’assister dans les prochaines semaine à un «pic de mortalité».
«Les Nations Unies avaient lancé un premier appel au début de l’année, puis un second au printemps, mais la communauté internationale n’a pas réagi, note Jean-Philippe Jutzi. Peut-être est-ce un effet secondaire du tsunami. Cette catastrophe a tellement attiré l’attention et on a donné là tellement d’argent que l’on a oublié cette crise, ce drame silencieux de la sécheresse en Afrique».
De son côté, le président nigérien Tandja Mamadou est vivement critiqué pour sa gestion de la famine. Ses détracteurs lui reprochent d’avoir dissimulé l’ampleur de la crise, d’avoir tardé à distribuer des rations alimentaires et d’avoir augmenté en mars les taxes sur la farine, le lait et d’autres produits de base, avant de les ramener à leur niveau initial sous la pression de la rue.
swissinfo et les agences
– Le Bureau pour la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies estime que 2,5 millions de personne au Niger, 1,1 million au Mali, 750’000 en Mauritanie et 500’000 au Burkina Faso sont menacées d’une grave famine.
– Les estimations de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge sont encore plus alarmantes. L’organisation parle de 8 millions de personnes menacées de famine dans cette région d’Afrique dont 3,6 millions au seul Niger.
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