
Un blâme pour l’UBS

La Commission fédérale des banques épingle l'UBS dans l'affaire des fonds de Sani Abacha, l'ex-dictateur du Nigeria. La banque suisse reconnaît ses torts.
«L’UBS a manqué de diligence et violé son devoir de clarification», conclut lundi la Commission fédérale des banques. La CFB avait lancé une enquête en février dernier sur des fonds que l’UBS avait acceptés et qui pouvaient être liés à la famille Abacha.
Compte suspect
A l’origine de l’affaire: l’ouverture d’un compte par un citoyen britannique auprès de l’UBS, en 1996. L’homme avait ainsi introduit une société avec la participation financière de deux partenaires d’affaires nigérians.
Au début de cette année, il s’est avéré que ces deux hommes faisaient partie de l’entourage de Sani Abacha. Quelque 60 millions de dollars (90 millions de francs suisses) ont été versés sur les comptes liés à cette relation d’affaires.
Aux yeux de la CFB, la grande banque a trop fait confiance au citoyen britannique, client de longue date et de bonne réputation de l’ex-Société de Banque Suisse (SBS).
L’UBS s’est exclusivement fiée aux déclarations de ce client. Elle ne disposait d’aucune autre information au sujet des deux hommes d’affaires.
Après plusieurs recherches infructueuses, l’UBS a finalement fait bloquer l’argent en février 2002. Elle a alors informé la Commission fédérale des banques et le bureau de communication en matière de blanchiment d’argent.
L’UBS admet et regrette
«Nous acceptons la critique de la commission. Et nous regrettons de ne pas avoir découvert le problème plus tôt, admet le porte-parole de l’UBS Christoph Meier. Nous en avons tiré une leçon: il faut toujours se méfier quand il s’agit de personnes originaires de pays problématiques comme le Nigeria.»
La première banque suisse n’entend pas prendre de mesures particulières à la suite de l’enquête de la CFB. «Il faut dire qu’entre-temps, les outils techniques pour dépister ce genre d’affaires se sont améliorés. Et nous avons aussi élargi nos connaissances pour éviter que cela ne se reproduise», ajoute le porte-parole.
La CFB le reconnaît également dans son communiqué: l’UBS a «considérablement développé ses mécanismes de contrôle ces dernières années. Elle a amélioré sa réglementation interne et ses procédures visant à identifier les transactions et les relations d’affaires inhabituelles».
Contrôle en 2003
Mais ce n’est pas suffisant. Selon la CFB, des vérifications sont nécessaires. En 2003, la commission procédera à un contrôle des prescriptions internes de la banque, en collaboration avec la société de révision Ernst & Young.
En septembre 2000, six autres établissements avaient déjà été critiqués par la CFB pour les mêmes raisons: le Credit Suisse, la Banque Hofmann et la banque Leu (qui font tous les trois partie du Credit Suisse Group), ainsi que le Crédit agricole Indosuez (Suisse), l’Union Bancaire Privée (UBP) et la banque Warburg (Suisse).
680 millions de dollars bloqués en Suisse
L’affaire Abacha a entraîné en 1999 le blocage de 680 millions de dollars dans les banques helvétiques. En vertu d’un accord présenté en avril dernier, le gouvernement nigérian récupérera 535 millions de dollars.
Par ailleurs, une enquête est toujours en cours auprès de la justice genevoise. Elle concerne entre autres les intermédiaires financiers en Suisse.
swissinfo

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