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Un nouveau réviseur pour la BCV

Keystone Archive

Le gouvernement vaudois retire son mandat de réviseur à Ernst & Young pour le donner à Arthur Andersen pourtant mis en cause dans la faillite d'Enron.

Charles Favre, chef du Département cantonal des finances, a rappelé jeudi à la presse que l’organe de révision de la Banque cantonale vaudoise (BCV), Ernst & Young n’a «jamais tiré la sonnette d’alarme». Or, la banque n’a longtemps prévu qu’une couverture insuffisante de ses crédits à risque.

En conséquence, pour pouvoir porter ses provisions à hauteur de 1,7 milliard de francs, la BCV doit être recapitalisée à hauteur de 600 millions. Pour y parvenir, elle puisera dans ses réserves, et le canton de Vaud, son actionnaire de référence, participera pour 300 millions de francs.

Un manque d’information que le Conseil d’Etat n’a absolument pas apprécié. Il n’exclut donc pas de poursuivre Ernst & Young, même si cette procédure n’est pas «envisagée pour l’instant», précise le conseiller d’Etat Charles Favre.

Un choix risqué

Le choix d’Arthur Andersen, pour remplacer Ernst & Young, son principal concurrent, n’est pas sans risque. En effet, cet organe de révision (à l’étranger on parle de cabinet d’audit) est directement mis en cause dans la faillite du géant Enron, septième entreprise américaine.

Enron est soupçonné d’avoir masqué ses pertes et ses dettes dans des sociétés maintenues hors du périmètre comptable du groupe. C’est ce que la lettre confidentielle Intelligence Online appelle du «Off-balance-sheet financing». Une méthode qui permet de dévier sur une société ou un joint-venture les milliards de dettes.

Or, ces manipulations se seraient faites avec la complicité d’Andersen. Le 6 février 2001, l’organe de révision s’est bien interrogé sur les méthodes comptables d’Enron et sur les risques de continuer à travailler pour cette société, lors d’une réunion regroupant les responsables d’Andersen.

Mais ces derniers ont finalement décidé de ne pas rompre avec un tel client qui leur rapportait près de 100 millions de dollars par an.

Nouvel organe de révision de la BCV, l’Institut Arthur Andersen devra effectuer une expertise de la banque d’ici à trois mois. Les enquêteurs d’Andersen devront déterminer si la Banque cantonale a pris de mauvaises décisions stratégiques et quelles sont les origines des pertes subies.

Même le sort de Gilbert Duchoud, actuel patron de la BCV, est lié aux résultats de l’analyse effectuée par Arthur Andersen, précise le conseiller d’Etat Charles Favre.

Ian Hamel

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