Un pesticide de Syngenta à l’index

La Déclaration de Berne demande à Syngenta de ne plus produire ni vendre le «Paraquat». Utilisé dans une centaine de pays, ce pesticide serait très toxique.
«De nombreux travailleurs et paysans exposés régulièrement au «paraquat», vendu chez Syngenta sous le nom de Gramoxone â, souffrent de graves problèmes de santé», affirme François Meienberg, membre de la Déclaration de Berne (DB).
Et des preuves, la DB et quatre autres organisations non gouvernementales (ONG) du Costa Rica, de Grande-Bretagne et de Suède en ont fourni lundi à Berne.
Une offensive qui n’a rien de fortuit. Puisqu’elle a été lancée à la veille de l’assemblée générale de Syngenta.
Impact en Malaisie et au Costa Rica
«Les premières alertes sont venues de Malaisie, précise François Meienberg, après la réalisation d’une étude d’impact du paraquat sur les humains.»
Menée en collaboration avec le Centre national de contrôle des poisons de l’université de Malaisie et le Pesticide Action Network Asia, elle démontre nettement l’impact du Gramoxoneâ sur la santé.
Ainsi, 69% des employés d’une plantation de palme ont eu le sang contaminé par le Gramoxone â. Pire, depuis, elles sont sujettes en permanence à des vomissements, des pertes de la vue, des problèmes respiratoires, voire des cancers de la peau.
Rapport de cause à effet
Une autre étude, menée celle-ci au Costa Rica auprès des employés d’une plantation de bananes, aboutit quasiment au même résultat. Mieux, elle démontre une relation de cause à effet entre le paraquat et la santé de ceux qui l’inhalent.
«Entre1993 et 1996, explique François Meienberg, période durant laquelle les doses de pesticide ont été fortement réduites dans cette plantation, nous avons observé une chute de 40% des accidents imputés au Gramoxone â»
Interdit de vente en Suisse
Cela dit, cela fait 40 ans que le Paraquat est montré du doigt. D’ailleurs, il est interdit de vente en Suisse et en Suède. Reste à savoir pourquoi la Déclaration de Berne tardé à tirer la sonnette d’alarme.
Selon François Meienberg, la DB travaille exclusivement sur les entreprises suisses dans le tiers monde. Or, Syngenta n’est propriétaire de Gramoxone â que depuis cinq ans. C’est-à-dire depuis sa fusion avec Zeneca, le fabricant anglais de pesticide.
La DB espère bien arriver à ses fins. «En 1983, rappelle François Meienberg, nous sommes montés au créneau contre un pesticide dangereux fabriqué par Ciba. Et cela a réussi. Cinq ans plus tard, il a été retiré du marché.»
Syngenta réfute les accusations
Le groupe bâlois Syngenta réfute largement ces accusations. Si l’on en croit son porte-parole, le paraquat n’aurait pas d’effets néfastes sur l’environnement et ne s’infiltrerait pas dans la nappe phréatique.
Et Georg Diriwächter de rappeler que Syngenta s’engage en permanence afin que le Gramoxone â soit utilisé en respectant les prescriptions de sécurité. Notamment, le port obligatoire de vêtements de protection durant l’épandage.
swissinfo/Jean-Louis Thomas

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