Une guerre mettrait Swiss en mauvaise posture
Il y a quelques semaines, Swiss annonçait sa restructuration. Après l'ultimatum lancé par les Etats-unis à l'Irak, reste à savoir si la compagnie survivra à une nouvelle guerre dans le Golfe.
Au-delà du cas Swiss, la crise irakienne risque de précipiter le transport aérien dans sa crise la plus grave.
Depuis les attentats du 11 septembre 2001, le secteur aérien est sinistré. La psychose née chez les voyageurs et les hommes d’affaires a fait tourner court le redressement de Swissair. Remplacée par Swiss dans le fracas que l’on sait.
Mais, aujourd’hui, devant l’imminence du déclenchement des opérations militaires sur le sol irakien, c’est toute la direction de Swiss qui retient son souffle. En effet, la compagnie helvétique, malmenée par un climat économique déjà balbutiant, risque gros.
Swiss peut-elle survivre à un conflit en Irak?
Suite à la baisse du trafic aérien constaté l’an dernier, Swiss a annoncé récemment un plan de restructuration comportant un redimensionnement de sa flotte et 700 licenciements supplémentaire.
Reste à savoit si cela suffira à pallier les conséquences d’une nouvelle détérioration du trafic voyageurs en relation avec le conflit irakien?
«Tout dépend de la durée du conflit, estime Pierre Condom, directeur de la revue Interavia. Dans le prolongement des attentats du 11 septembre, le trafic voyageurs a diminué dans des proportions importantes. Et, si de nouveaux attentats devaient survenir, les conséquences seraient catastrophiques».
«Si les Américains s’enlisent et que quelques bombes explosent dans des aéroports, poursuit le spécialiste, la faillite de Swiss passera inaperçue au milieu du paquet de faillites qu’il va y avoir.»
Nouvelle chasse aux coûts
Des mesures peuvent cependant être mises en œuvre pour échapper à ce scénario du pire. Et elles passent bien évidemment par un nouvel abaissement des coûts. Dans le cas de Swiss, un nouveau redimensionnement de la société ou la restructuration du réseau de destinations desservies sont à envisager.
En effet, la santé du secteur aérien est étroitement corrélée à la croissance économique. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le secteur traverse une passe difficile depuis deux ans.
«Une envolée durable des prix du pétrole et une baisse de la consommation découlant d’un nouveau conflit en Irak ne feraient que détériorer davantage la situation», estime Fernand Paccica, analyste de la banque Pictet à Genève.
Par conséquent, les difficultés que connaît Swiss illustrent un problème structurel dont souffre l’ensemble des compagnies aériennes. Il y en a simplement trop. Rien qu’en Europe, on dénombre 25 compagnies actives au plan international.
Service public ou libre marché?
Et leur activité n’est pas entièrement soumise aux principes du marché. Bien au contraire.
«Les compagnies ne sont que les concessionnaires d’un droit de trafic dont le propriétaire reste l’Etat. Ce qui, à l’heure actuelle, considère Pierre Condom, empêche le secteur de se consolider par la voie de fusions ou d’acquisitions.»
En effet, un Etat pourrait très bien retirer l’usage de ce droit à une compagnie qui serait absorbée par un concurrent étranger.
Mais, en attendant, les compagnies aériennes et les gouvernements administrent les affaires courantes. Et, d’après les résultats publiés par Swiss vendredi, la priorité est donnée à la réduction des coûts.
«Ce conflit pourrait inciter les dirigeants de Swiss à redimensionner la compagnie», précise encore le directeur de la revue Interavia.
Et de conclure: «D’après moi, cette mesure est indispensable. Elle devrait être prise avant la fin de l’été ou le début de l’automne. D’autant plus que toutes les compagnies feront la même chose».
swissinfo, Jean-Didier Revoin
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