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Les employés américains des firmes suisses en faveur des républicains

Figurines volantes de Donald Trump et d'Hillary Clinton du constructeur d’avion Otto Diefffenbach III. Reuters

Les employés américains des multinationales suisses misent leur argent sur une victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine de novembre et l’instauration d’une politique républicaine de l’économie. Une tendance qui varie selon le secteur économique.

A ce jour, les employés aux Etats-Unis de plusieurs des 20 plus grandes entreprises figurant dans le Swiss Market Index (SMI) ont fait don de 6,1 millions de dollars en 2016 pour la campagne présidentielle américaine, dont 55% en faveur des républicains.

La tendance est similaire à 2012: trois cinquièmes des 8,5 millions de dollars versés étaient allés aux candidats républicains, selon les données du Center for Responsive PoliticsLien externe, basé à Washington

En 2008, ces employés avaient donné 9,7 millions de dollars répartis à peu près également entre candidats démocrates et républicains.

Les données montrent des contributions de 200 dollars ou plus via les comités d’action politique (PAC) et les donateurs signalés à la Commission électorale fédérale. L’argent est réparti entre les 25 candidats à la présidence, les 2049 candidats pour la Chambre des représentants et les 433 en lice pour le Sénat.

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Répartition différenciée

La plupart de l’argent provient des sociétés financières UBS, Zurich et Credit Suisse, des deux plus grandes compagnies pharmaceutiques suisses, Novartis et Roche, et du géant de l’agroalimentaire Syngenta. A regarder de plus près, les données de financement de la campagne, révèle une scission parmi les employés américains de ces multinationales suisses.

Les employés des compagnies financières UBS, Zurich et Credit Suisse favorisent apparemment le magnat de l’immobilier et d’autres républicains, tandis que ceux de Novartis, Roche et Nestlé semblent pencher en faveur d’Hillary Rodham Clinton et d’autres démocrates.

«Ils essaient d’influencer les campagnes ou les candidats qui ont de l’influence sur leurs affaires», précise Candice NelsonLien externe, professeure de sciences politiques à l’American University de Washington.

Des milliards de dollars alimentent les campagnes fédérales, les partis politiques et d’autres groupes lors du cycle électoral de deux ans précédant les élections de novembre. Les candidats à la présidence ont recueilli plus de 993 millions de dollars à ce jour. Pour les 2482 candidats au Congrès, le montant a dépassé les 1,28 milliard de dollars.

Et en Suisse…

En matière de financement des campagnes électorales, la Suisse est beaucoup moins transparente que les Etats-Unis. Depuis longtemps, la Suisse est critiquée pour dissimuler les dons privés aux partis politiques et aux campagnes électorales.

La Suisse et la Suède sont les seuls membres du Conseil de l’Europe qui ne disposent pas de lois sur la provenance des fonds alimentant les partis et des élections.

Les 6 millions de dollars de dons issus des entreprises suisses installées aux Etats-Unis sont «une goutte d’eau», relève Candice Nelson. L’argent étranger alimente néanmoins le débat, en raison des questions sur les investissements de Donald Trump et celles posées sur l’influence les donateurs étrangers de la Fondation Clinton.

Couvrir ses arrières

Alors qu’il est habituel pour les chefs d’entreprise et leurs employés de couvrir leurs paris en arrosant tout le spectre politique, les associations extérieures et les lobbys favorisent généralement les candidats qui reflètent leurs positions politiques.

Parce que la collecte de fonds en faveur de Donald Trump est non traditionnelle – il a promis de dépenser des quantités illimitées de sa propre fortune – les dons pour sa candidature sont à la traîne par rapport à ceux de la candidate Clinton. Fin septembre, Donald Trump avait levé 160 millions de dollars, Hillary Clinton 435 millions. Mais certains pointent la possibilité pour des intérêts étrangers de se joindre à d’autres groupes pour acheter de l’influence à Washington par de l’argent secret et des lobbyistes.

Depuis 1966, la loi américaine interdit aux étrangers de faire des dons directement ou indirectement. Et ce au nom de la sécurité intérieure. La loi interdit aux candidats de recevoir sciemment des dons des étrangers. Les résidents permanents peuvent faire un don, tout comme une entreprise américaine appartenant à des étrangers ou la filiale américaine d’une multinationale peuvent créer un PAC sous certaines conditions.

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Qui est le plus favorable aux entreprises?

Bien que les républicains promeuvent des politiques généralement présentée comme plus favorable aux entreprises, l’opposition très médiatisée de Donald Trump à l’establishment du Parti républicain a compliqué la donne. Sur le plan des affaires, sa candidature est également controversée. Il s’est déclaré en faveur des taxes protectionnistes et pour une sortie des États-Unis de l’Organisation mondiale du commerce basée à Genève.

Le milliardaire a promis de «relancer l’Amérique» en réduisant les impôts et les règlements dans le but de stimuler la croissance des entreprises, la création d’emplois et la hausse des salaires. Il a également lancé des appels du pied au secteur privé et à ceux qui veulent le minimum d’impôts, en promettant un moratoire temporaire sur tout nouveau règlement fédéral.

Hillary Clinton, elle, est considérée comme favorable aux entreprises. Elle veut augmenter les prêts aux entreprises. Elle a aussi appelé à investir au moins 275 milliards de dollars dans des projets financés par le gouvernement fédéral pour rénover les infrastructures souvent croulantes du pays, que ce soit les autoroutes, les ponts, les chemins de fer ou les aéroports.

Les grosses pharma ont généralement tenté de se mettre dans les bons papiers d’Hillary Clinton, même si elle n’a jamais été considérée comme leur amie et que sa campagne propose de réduire les coûts des médicaments. Donald Trump, lui, veut l’abrogation du programme Obamacare, stimuler la concurrence entre les assurances santé, négocier avec les fabricants de médicaments pour économiser de l’argent et donner aux consommateurs un meilleur accès aux médicaments importés.

Si vous n’êtes pas américain…

Martin Naville, directeur général de la Chambre de commerce américano-suisse à Zurich, souligne que ce ne sont pas les banques ou les grandes sociétés pharmaceutiques qui donnent de l’argent, mais leurs employés qui doivent être citoyens américains ou résidents permanents: «Parce que si vous n’êtes pas américain, il est illégal de faire des dons. Vous pouvez faire pression, vous pouvez employer des lobbyistes pour informer et influencer, mais vous ne pouvez pas donner de l’argent aux candidats, si vous êtes un étranger.»

Bien que la législation américaine sur le financement des campagnes électorales ne limite pas les grandes sommes allant aux comités indépendants (super PACs) et autres, le système est beaucoup plus transparent que chez d’autres partenaires commerciaux de la Suisse.

«Il n’y a pas d’interdiction faite aux étrangers (entreprises et individus) donnant de l’argent à des candidats européens, assure Martin Naville. Il y a bien des lois contre la corruption. Les partis et leurs candidats doivent déclarer ce qu’ils reçoivent et comment l’argent est dépensé. Mais ils n’ont pas l’obligation de déclarer d’où proviennent ces fonds. »

Les principaux partenaires commerciaux de la Suisse sont l’Allemagne et les Etats-Unis, suivis par l’Italie, la France, la Chine, la Grande-Bretagne, l’Autriche, les Pays-Bas, l’Espagne et Hong Kong. Mais le marché américain est en train de devenir une «locomotive» de plus en plus importante pour les exportations suisses, selon Martin Naville.

Traduit de l’anglais par Frédéric Burnand

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