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Finances fédérales: Kaspar Villiger incite à la prudence

Les explications de Kaspar Villiger ont provoqué la colère de la gauche. Keystone

Le ministre des Finances Kaspar Villiger a présenté mardi au Conseil national une étude montrant que le déficit de l´Etat augmentera jusqu'en 2004. Les allègements fiscaux ne sont plus prioritaires. La bataille autour du droit de timbre sera rude.

Au départ, le budget 2001 présentait un résultat pratiquement équilibré: une croissance des dépenses de 3,4 pour cent, une croissance du produit intérieur brut de 3,75 pour cent en termes nominaux et un taux de renchérissement de 1,75 pour cent. Le plan financier prévoyait donc des excédents augmentant progressivement pour atteindre 1,3 milliard de francs en 2004.

Mais une étude réalisée le week-end dernier à la demande de Kaspar Villiger tempère quelque peu cet optimisme. De nombreux postes viennent en effet assombrir la situation. On peut notamment citer la réparation des dommages dus aux intempéries au Tessin et en Valais (60 à 70 millions), le plan d’action concernant l’encéphalite spongiforme bovine (30 millions), ou encore le relèvement de la rente minimale de l’AVS/AI (32 millions).

Au final, l’excédent de dépenses pourrait atteindre 2,5 milliards de francs, provoquant un déficit d’un milliard au lieu des 1,3 milliard de bénéfices attendus. Or, pour Kaspar Villiger, tolérer un tel déficit dans une phase de haute conjoncture relèverait de l’irresponsabilité. Ainsi, pour le grand argentier, «la Confédération ne pourra pas répondre à toutes les demandes, ni dans le domaine des dépenses, ni dans celui des baisses d’impôts».

Kaspar Villiger estime par conséquent que des corrections peuvent être apportées aux mesures fiscales, bien que celles-ci aient été annoncées depuis longtemps. Il continue certes de considérer comme «juste et nécessaire» la réforme de l’imposition des familles (900 millions). En revanche, il estime que le changement du système d’imposition de la propriété du logement (100 millions) peut attendre.

Le Conseil fédéral décidera s’il convient d’adopter les projets de messages concernant ces deux objets fiscaux une fois que les deux Chambres auront examiné l’ensemble du dossier financier. Mais une chose est sure: le gouvernement ne veut pas abandonner la réforme du droit de timbre. Considérée urgente, celle-ci est prévue au cours de la présente session.

Le gouvernement fera toutefois un effort. Il soutiendra la solution de la Commission de l’économie et des redevances du Conseil des Etats. Bien que présentant davantage de difficultés d’application que celle du Conseil fédéral, elle a l’avantage de générer une perte de recettes moindre (220 millions au lieu de 500).

Les explications de Kaspar Villiger ont provoqué la colère de la gauche. Celle-ci n’était pas absolument opposée à la réforme du droit de timbre, mais à condition que des compensations fiscales soient accordées aux petits revenus, notamment en ce qui concerne les familles.

Ces compensations ne semblant plus prioritaires pour le gouvernement, la gauche engagera donc toutes ses forces pour s’opposer à la réforme du droit de timbre, qu’elle considère comme «un cadeau aux banques».

Olivier Pauchard

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