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Forte présence alémanique au festival de la Bâtie

«DNA- Eine Familiensaga», le plus attendu des spectacles alémaniques. Claude Giger

La grande manifestation culturelle genevoise, qui démarre le 1er septembre, fait honneur cette année aux créateurs d'outre-Sarine.

A découvrir donc des talents quasi inconnus en Suisse Romande, comme le Klara-Ensemble de Bâle qui présente «DNA-Eine Familiensaga».

Il a vu grand, Maurici Farré, pour sa première édition du festival de la Bâtie. Le nouveau directeur de la grande messe artistique genevoise, qui démarre toutes les années fin août et s’étale sur 15 jours, programme donc 77 spectacles qui nécessitent un appétit d’ogre de la part du public.

Mais bon, on ne va pas lui reprocher son ambition à Maurici Farré. Lequel élargit la Bâtie, plutôt axée jusqu’ici sur la création romande, en ouvrant grandes les portes aux artistes européens et surtout, chose rare, aux créateurs alémaniques.

Ces derniers seront donc de la fête cette année, avec des spectacles qui recoupent différentes disciplines. En matière de performance, on pourra donc voir «7 1/2 Recherches sur l’incomplet» réalisé par le collectif zurichois Gastube°perf°rmance. Toujours dans la même discipline, la compagnie bernoise öff öff présente, quant à elle, «Orbite».

Côté théâtre, ça vole haut également, puisque la Bâtie invite deux excellentes troupes bâloises: le Junges Theater Basel et le Klara-Ensemble.

Une existante réputation

Comme son nom l’indique, le Junges s’intéresse notamment aux problèmes qui préoccupent la jeunesse. Aussi, c’est à partir du film de Lukas Moodysson, chaudement intitulé «Fucking Amal», que ces Bâlois ont réalisé un spectacle éponyme au centre duquel ils placent l’amour entre deux jeunes filles dans le lycée d’une petite ville de Suède.

Autre amour que celui qui tourmente «Léonce et Léna», les deux célèbres personnages de l’auteur allemand Georg Büchner. C’est vers eux que s’est tourné également le Junges pour raconter «la quête d’identité des adolescents d’aujourd’hui».

Le plus attendu, toutefois, des spectacles alémaniques est celui du Klara Ensemble, peut-être en raison de l’ampleur de son sujet et de l’excitante réputation que le précède. Cela s’appelle «DNA- Eine Familiensaga». Soit le parcours existentiel et spatial d’une famille irlandaise, les O’Flattery, dont on suit l’histoire sur 5 générations, de 1899 à nous jours.

De continent en continent

Parcours spatial d’abord, puisque les O’Flattery se déplacent de continent en continent, de l’Europe à l’Amérique, en passant par l’Afrique. Parcours existentiel ensuite, puisqu’il s’agit d’une histoire des origines où le patrimoine génétique constitue un autre continent.

Passionnée de génétique justement, Suzanne Zahnd, auteure du spectacle (mis en scène par Christoph Frick), raconte.

«L’histoire des O’Flattery, nous l’avons inventée, bien sûr, mais elle s’appuie sur des recherches génétiques que j’ai menées avec le metteur en scène durant deux ans. Sans prétendre apporter de réponses, le spectacle pose quelques questions qui nous paraissent essentielles: est-ce la génétique qui fait de nous ce qu’on est ou est-ce la société, ou encore notre vécu?»

Distribuer ses propres gênes

«L’être humain, poursuit-elle, a toujours voulu distribuer ses propres gênes. Les guerres coloniales, par exemple, ont été menées pour des raisons raciales. Nous nous sommes, donc, demandés qu’est-ce qui a changé depuis? Quel éclairage différent la biologie apporte-t-elle aujourd’hui à l’image de l’homme?»

La science ne fait pas forcément bon ménage avec le théâtre. On a pu le constater notamment dans certains spectacles de Peter Brook.

Mais Suzanne Zahnd se défend de vouloir théoriser sur scène. «Notre but premier, explique-t-elle, c’est le divertissement. “DNA…” multiplie les genres théâtraux. Pour les neuf parties qui composent le spectacle, nous avons imaginé différents registres: théâtre intime, marionnettes, lecture-performance, musical…»

Au public donc de s’aventurer dans cette virée génétique qui frôle les 4 heures de représentation.

swissinfo, Ghania Adamo

«DNA- Eine Familiensaga», Genève, festival de la Bâtie, les 7 et 8 septembre. Pour le reste des spectacles alémaniques: www.batie.ch

Le Festival de Genève La Bâtie a lieu du 1 au 16 septembre.
Il propose une septantaine d’événements culturels en trente lieux de la ville.
La programmation s’articule autour de quatre axes:
La Belgique
L’Italie
Zurich à Genève
La gastronomie

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