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Franc suisse en hausse, croissance en baisse

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Un franc en pleine forme favorise les vacances des Suisses à l'étranger, mais handicape lourdement les exportations.

Avec l’arrivée de juillet, les Suisses qui franchissent les frontières ont toutes les raisons de se réjouir: la vie va leur paraître bon marché. En effet, le dollar a perdu plus de 10% de sa valeur par rapport au franc suisse depuis le début de l’année.

Notre monnaie, véritable valeur-refuge, s’apprécie également par rapport à l’euro. Ceux qui restent dans la Confédération n’ont pas non plus à se plaindre: le prix des produits venus de l’étranger pourrait même baisser. A moins que les importateurs n’en profitent pour augmenter leurs marges.

Voici pour les bonnes nouvelles. En revanche, un franc suisse particulièrement costaud ne fait pas le bonheur de l’industrie suisse des machines, des fabricants d’équipements électriques, des horlogers. Leurs commandes ont chuté d’un cinquième depuis le début de l’année.

Baisse de 9% du tourisme

En mai dernier, certains industriels affirmaient qu’un euro en dessous de 1,52 franc les obligeait à produire à perte. Or, la monnaie européenne est descendue cette semaine, comme le dollar, sous la barre de 1,50 franc.

Autres victimes du franc fort, les hôteliers, les restaurateurs, et tous ceux qui vivent du tourisme en Suisse. Selon l’Office fédéral de la statistique (OFS), le chiffre d’affaires de cette branche a baissé de 9% durant les six derniers mois.

Cette remontée de la monnaie nationale risque de pénaliser tout le monde. En effet, les exportations contribuent à près de la moitié du produit intérieur brut. Alois Bischofberger, chef économiste du Credit Suisse, annonce dans Le Temps de vendredi qu’il prévoit de réviser à la baisse la croissance.

Celle-ci n’était pourtant guère optimiste, elle plafonnait à 1,3%. C’est déjà presque deux fois moins que nos voisins.

Le franc, monnaie internationale

Pourquoi cette hausse du franc suisse? Devant la multiplication des scandales, les investisseurs n’ont plus confiance dans les sociétés américaines, et rapatrient leurs capitaux en Europe, et notamment en Suisse.

Résultat, l’euro se porte bien. Mais ce sont les investisseurs du Proche-Orient, inquiets de la situation dans leur région, qui font définitivement pencher la balance en faveur de la Confédération. Malgré la mauvaise santé de la Bourse suisse, ils vendent en masse leurs dollars pour acheter du franc suisse.

N’oublions pas que le franc suisse n’est pas seulement la monnaie de la Confédération. C’est une monnaie internationale. Sa part dans le marché des changes global est de 3,5%, soit davantage que le franc français (2,5%) l’année dernière, ou le dollar canadien cette année (2%)!

Que faire pour stopper cette hausse? En mai dernier, la Banque nationale suisse (BNS) a diminué d’un demi-point ses taux directeurs. Des taux suisses très faibles peuvent réduire l’attractivité de la Suisse par rapport aux autres places financières.

Du moins en théorie. Car lorsque les investisseurs veulent mettre leur argent en Suisse, ils le mettent. Même si le pays pratiquait des taux négatifs.

swissinfo/Ian Hamel

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