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Fred Kindle tient fermement la barre d’ABB

ABB a renoué avec les chiffres noirs sous la conduite de Fred Kindle. Keystone

Fred Kindle déclare à swissinfo qu'il ne lèvera pas le pied au sein d'ABB – en pleine renaissance – tout en rejoignant la direction de Zurich Financial Services.

Agé de 46 ans, le grand patron d’ABB explique comment il combinera ces deux rôles. Cependant les actionnaires de ZFS doivent encore voter sur cette nomination en avril.

Pour la première fois après cinq ans, ABB a renoué avec les chiffres noirs à l’issue d’une période difficile qui a vu le groupe helvético-suédois au bord du gouffre. En 2005, la compagnie a dégagé un bénéfice net de 735 millions de dollars (963 millions de francs) alors que sa perte était encore de 35 millions de dollars l’année précédente.

Autre bonne nouvelle pour le groupe: le dossier des plaintes autour de l’amiante, aux Etats-Unis, est en voie de résolution. En fait, le seul nuage noir planant au-dessus d’ABB est la découverte de transactions suspectes au Moyen-Orient qui pourraient tomber sous le coup de la loi anti-corruption américaine.

swissinfo: ABB a dégagé un bénéfice pour 2005 et vous avez accepté une proposition d’entrer à la direction de ZFS. Cela signifie-t-il que nous allez lever le pied au sein d’ABB?

Fred Kindle: Nous avons le sentiment que la situation est beaucoup plus sous contrôle que cela n’a été le cas au cours des cinq dernières années. Mais je ne suis jamais relax. Je ne suis pas le genre de type à poser les pieds sur la table et à prendre la vie comme elle vient.

Le travail que nous avons accompli pour notre nouveau système à ABB me permet de dire que je peux réaliser les priorités à ABB et également insister sur quelques autres points.

Il existe un intérêt mutuel à ce que je rentre à la direction de ZFS. J’y apporte un savoir-faire industriel et en même temps j’y apprends comment ZFS gère les risques, vu que c’est leur activité de base. C’est donc une situation où tout le monde y gagne.

swissinfo: Vous dites qu’ABB est entrée dans une nouvelle phase de croissance. S’agit-il simplement d’une croissance naturelle ou prévoyez-vous de futures acquisitions?

F.K. : Il est plus profitable de créer des bénéfices et de la croissance grâce à des moyens naturels, mais notre entreprise pourrait éventuellement être à nouveau en mesure de procéder à des acquisitions ciblées.

Quand nous en serons à ce stade, nous le ferons de manière ordonnée. Selon ma philosophie, nous ne dépensons pas simplement l’argent des actionnaires. J’y veille comme si je dépensais mon propre argent et j’aimerais le dépenser de manière prudente.

Il existe différentes raisons qui pourraient justifier des acquisitions dans certains de nos domaines d’activité: le renforcement de notre positionnement géographique sur les marchés, un supplément de technologique ou encore des mesures d’économies.

swissinfo: Vous avez récemment parlé de payements illégaux faits par ABB au Moyen-Orient. Pourriez-vous commenter ce dossier?

F.K. : Je dois avant tout dire que ce cas n’a pas encore fait l’objet d’une enquête. Par conséquent, rien n’a jusqu’à présent été prouvé d’une manière ou d’une autre.

Un vrai succès ne peut pas être mesuré simplement en termes de succès financier. Il y a une autre dimension qui inclut l’éthique dans les affaires. Nous ne devons pas seulement exceller dans nos bilans comptables, mais aussi dans nos actes sur les marchés. Nous avons encore à nous concentrer sur ce dernier point.

swissinfo: Vous n’avez pas été en mesure de vendre Lummus Global, une filiale d’ABB, à cause de ses problèmes dans le dossier de l’amiante. Or, dans l’intervalle, cette filiale s’est mise à générer des bénéfices. Cela signifie-t-il qu’il y a tout de même de bons côtés dans ce dossier de l’amiante?

F. K. : Il y a quelques années, ABB était au pied du mur: elle devait vendre des sociétés pour obtenir de l’argent liquide, mais à un moment où ces ventes n’étaient pas très rentables.

Avec Lummus Global, c’était exactement le contraire. Nous ne pouvions pas vendre et cette filiale s’est ensuite mise à faire des bénéfices. Mais Lummus Global continue à être qualifiée comme ne faisant pas partie de nos activités de base. Cela signifie que nous n’allons pas poursuivre cette activité à l’avenir.

Il serait assez opportuniste de classifier à nouveau Lummus Global comme faisant partie de nos activités de base alors que notre stratégie à long terme demande de la clarté. Le fait que cette filiale dégage maintenant des bénéfices signifie que si nous la vendons en l’état, la vente sera plus profitable que cela n’aurait été le cas auparavant.

Interview swissinfo, Matthew Allen, Zurich
(Traduction de l’anglais: Olivier Pauchard)

ABB en 2005:

Chiffre d’affaires: 22,442 milliards de dollars (+8,9%)
Ebit (bénéfice avant impôts et amortissements): 1,742 milliard de dollars
Bénéfice net: 735 millions de dollars (contre une perte de 35 millions en 2004)

– ABB (pour Asea Brown Boveri) est né en 1988 de la fusion du Suédois Asea (fondé en 1883) et du Suisse BBC Brown Boveri (fondé en 1891).

– ABB est un des leaders mondiaux des techniques de l’énergie et de l’automation, qui réalise la moitié de son chiffre d’affaires hors d’Europe.

– En 2002 et 2003, le groupe a été secoué par les procès de l’amiante aux Etats-Unis et par l’affaire des «parachutes dorés» versé à certains de ses anciens dirigeants, dont Percy Barnevik.

– A cette époque, la valeur de l’action ABB était tombée de 25 francs à moins de 3 francs. Elle ne s’est redressée que lentement.

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