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Fronde au cœur de la topographie

L'office fédéral de la topographie se nomme désormais swisstopo. swissinfo.ch

Les maisons d'édition privées contestent le monopole des données géographiques de l'Office fédéral de la topographie. Ils veulent la libéralisation.

Depuis vendredi, l’Office fédéral de la topographie (OFP) se nomme «swisstopo».

La Suisse est mondialement connue pour la qualité de ses cartes géographiques. Indépendamment des échelles dans lesquelles ces dernières sont réalisées, il est possible de les comparer à de véritables best-sellers.

Que ce soit des cartes de randonnée pédestre, des cartes décrivant des pistes de ski ou les habituelles cartes du pays. L’œuvre intégrale de swisstopo se trouve sur CD-ROM.

Les 160 ans d’histoire de l’Office fédéral de la topographie (OFP) correspondent à ceux d’une entreprise fédérale typique. Réservé à la base exclusivement à l’usage militaire – au vu des données sensibles qu’elles pouvaient contenir – le secteur de la cartographie n’a cependant pas pu résister à la demande croissante de la société civile après la Seconde guerre mondiale.

Les droits de licence: une lourde charge

Aujourd’hui, la situation dans ce domaine est confuse. Peter Niederhauser, le directeur de la maison d’édition «Hallwag Kümmerly + Frey» dénonce les lourdes taxes relatives aux données topographiques qui empêchent ce marché de se développer.

«Nous ne sommes pas contre le paiement des droits de licence, mais contre leur démesure. Si nous devions payer un franc suisse par carte, nous serions satisfaits. Le prix pour le consommateur en serait réduit d’un tiers. Mais cela n’est malheureusement pas le cas.»

«Nous avons la mission légale de mettre à jour les données», se défend Felix Blatter de swisstopo. Et cela engendre des coûts. C’est pourquoi les fabricants de carte doivent s’acquitter d’une taxe de licence.»

D’ailleurs, chacun est libre de réaliser le relevé des données lui-même. «Il n’est pas interdit de survoler la Suisse afin d’effectuer des mesures», précise-t-il.

Pour lui, les fournisseurs privés de matériel cartographique imprimé ou numérique en Suisse tentent de réduire les taxes au maximum afin de réaliser le plus grand bénéfice possible au moyen des données de swisstopo.

«S’il le veut, c’est au parlement de changer la pratique courante aujourd’hui», ajoute encore Felix Blatter

Les PME espèrent une libéralisation

Récemment, la société lucernoise Endoxon SA a obtenu un «Oscar» par l’international Cartographic Association pour la réalisation d’une carte en 3D& de Saint-Moritz.

«Nous mettons l’accent sur les nouveaux médias», explique Bruno Muff, le co-fondateur de la société. Mais celle-ci produit également des cartes plus traditionnelles.

Endoxon occupe trente collaborateurs en Suisse et 40 Inde qui adaptent les images prises d’avion.

Le programme favori de Bruno Muff se nomme «Sanday». «Par ce biais vous pouvez déterminer à l’aide de votre téléphone portable ou grâce à l’Internet quel est le médecin le plus proche ou la prochaine pharmacie», explique-t-il.

Ce produit est disponible sur le site Internet de la SUVA – la Caisse nationale suisse d’assurance en cas d’accident. Pour autant, le business des cartes privées en Suisse reste très ardu. «Dans la branche de cartographie, c’est une lutte entre David et Goliath ou plutôt vice versa», souligne Bruno Muff.

L’ombre de Swisscom

La situation sur le marché de la cartographie rappelle étrangement celui des télécommunications, où l’ancienne société de monopole PTT, le Swisscom d’aujourd’hui, possède encore certains privilèges.

«Notre société avait reçu la commande officielle pour la carte d’Expo02, explique-t-il. Swisstop a lancé un produit concurrent avant de nous accuser de lui avoir «volé» des données.»

Bruno Muff espère qu’un procès pourra être évité et qu’une solution à l’amiable pourra être trouvée.

Pour lui, l’unique solution se trouve dans la libéralisation. Comme cela existe déjà aux Etats-Unis et bientôt au sein de l’Union européenne. Les données NASA, par exemple, sont accessibles sans problèmes et à un prix modique.

swissinfo/Urs Maurer

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