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Fusion avec Chugai: une facture salée pour Roche

Chugai Pharmaceuticals a annoncé lundi de grosses pertes pour le premier semestre de l'année fiscale.

Un coup dur pour Roche qui compte sur la fusion entre Chugai et sa filiale nippone pour devenir l’un des leaders du marché pharmaceutique japonais.

Franz Humer, le patron le groupe pharmaceutique suisse de Roche, avait fait de la fusion, une affaire personnelle. En décembre dernier, au moment de son annonce, elle avait été présentée comme un modèle à suivre.

L’effet d’une mini révolution

Pour la première fois, un groupe étranger s’appropriait une société japonaise à la pointe du progrès. Cela avait l’effet d’une mini révolution dans un univers pharmaceutique japonais allergique jusqu’alors à des mariages avec des étrangers.

Fier de son coup, Franz Humer déclarait à Tokyo que le nouveau Chugai ambitionnait, à terme, de devenir le numéro un ou le numéro deux japonais de la pharmacie.

Il prétendait que cette fusion allait permettre à Roche de réintégrer, par la taille de son chiffre d’affaires et de ses bénéfices globaux, le cercle très envié des dix plus grandes multinationales pharmaceutiques de la planète.

Aujourd’hui, Chugai présente la facture de sa fusion avec Nippon Roche. Ses pertes nettes s’élèvent à 26,15 milliards de yens (218 millions de dollars) pour le premier semestre de l’année fiscale en cours.

D’après les prévisions de Chugai – pour l’ensemble de l’année fiscale 2002/03 qui se termine à la fin mars prochain – sa perte nette sera même 54% plus élevée.

Des caisses de retraite sous-financées

«Nous avons adapté notre comptabilité sur celle du groupe suisse pour refléter, entre autres, l’état de la caisse de retraite de nos employés», explique Yuji Suzawa, le vice-president de Chugai.

Franz Humer savait, avant la fusion, que les caisses de retraite des entreprises japonaises sont sous-financées. Et que ce coût allait apparaître tôt ou tard dans les résultats de la nouvelle entité.

Cela ne l’avait pas empêché d’augmenter de 30% son offre d’achat initiale pour s’approprier 50,1% des actions de Chugai. Depuis décembre dernier, les actions de Chugai ont perdu 37% de leur valeur à la bourse de Tokyo.

«Roche a, sans doute, sous-estimé le coût de sa fusion avec Chugai. Mais le risque qu’il a pris est calculé. Et le groupe suisse ne devrait pas regretter cet investissement stratégique dans l’une des sociétés pharmaceutiques japonaises les plus prometteuses», observe un analyste de la maison de titres Nomura Securities à Tokyo.

De nouveaux medicaments sur le marché

Aujourd’hui, le nouveau Chugai constitue le cinquième groupe pharmaceutique japonais. Son president Osamu Nagayama entend toujours, d’ici la fin de l’année fiscale 2005/06, réaliser un bénéfice d’exploitation de 63 milliards de yens (près de 800 millions de francs) pour un chiffre d’affaires de 315 milliards de yens (2,63 milliards de dollars).

Durant l’année 2001/02, le bénéfice d’exploitation de Chugai s’était élevé à 26,7 milliards de yens pour un chiffre d’affaires de 212 milliards de yens.

«Le président de Chugai a les moyens de son ambition. Il va introduire sur le marché japonais de nouveaux médicaments, certains développés par Roche, d’autres par les chercheurs japonais», note le même analyste de Nomura Securities.

Et de conclure: «Ensemble, ils devraient faire de la nouvelle Chugai l’une des toutes premières sociétés pharmaceutiques japonaises».

swissinfo/Georges Baumgartner à Tokyo

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