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Genève à nouveau secouée par une affaire de mobbing

Après l'Office cantonale de la statistique, c'est au tour du service du cadastre du canton de Genève de connaître une affaire de mobbing. Sa directrice, Floriane Ermacora, a porté plainte contre ses subordonnés pour harcèlement psychologique.

Révélée par le quotidien Le Temps, l’affaire fait l’objet d’une enquête interne. Et la principale intéressée – Floriane Ermacora – n’est pas autorisée à s’exprimer.

Difficile donc pour l’heure de connaître les tenants et aboutissants de cette affaire. D’autant qu’une partie au moins des personnes sous les ordres de la directrice du service du cadastre genevois accusent également leur supérieure de harcèlement.

Mais pour certaines sources – citées par Le Temps – des raisons politiques se profilent derrière cette affaire. Genève est en effet en pleine année électorale et Floriane Ermacora n’est autre que la présidente du Parti radical genevois.

Une chose est sure: il ne s’agit pas de la première affaire de mobbing qui secoue l’administration genevoise. Quelques 120 demandes ont été déposées auprès des médiateurs nommés il y a cinq ans. Une structure qui a conclu qu’une cinquantaine de personnes avaient effectivement subi des actes de harcèlement.

Quant au processus de plainte – lancé il y a moins d’une année – il a enregistré plus d’une quinzaine de cas. Gilbert Künzi, du service de santé du personnel de l’Etat de Genève, relève que le phénomène connaît une relative stabilité.

Il souligne également que deux tiers de ces cas mettent aux prises un cadre accusé de harcèlement à l’encontre d’un ou de plusieurs de ces employés. Le tiers restant relève de situations inverses ou de situations sans subordination hiérarchique.

Reste à savoir si l’administration publique est plus touchée par ce phénomène que les entreprises privées. Gilbert Künzi ne le pense pas: «cette perception découle peut-être de la politique de transparence mise en place par l’administration genevoise».

En revanche, le responsable genevois estime que les organisations de type bureaucratique favorisent l’apparition de cas de harcèlement, qu’elles soient publiques ou privées: «mais il s’agit avant tout d’un problème de pouvoir et de communication».

Nicole Golay, responsable de la cellule qui s’occupe de mobbing dans l’administration vaudoise, met également en cause les hiérarchies molles qui n’interviennent pas assez dans les conflits entre collaborateurs.

Une autre tendance est soulignée par les deux responsables genevois et vaudois: la compétition accrue entre employés et l’exigence de performance imposée à l’ensemble du personnel d’une entreprise.

Cette nouvelle pression, qui existe aussi bien dans l’administration publique que dans le secteur privé, favorise également l’apparition de cas de mobbing. Le rôle et le travail que chaque collaborateur doit fournir est en effet moins clairement défini qu’avant, selon Nicole Golay.

Gilbert Künzi estime enfin que le sens du respect s’est considérablement affaiblit ces dernières années: «or, on peut très bien dire des choses désagréables à une personnes avec respect et humanité».

Frédéric Burnand

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