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Genève candidate au contrôle des armes biologiques

Les armes biologiques sont interdites, mais malheureusement utilisées. Keystone

La Suisse a officiellement posé jeudi la candidature de Genève pour le siège du futur secrétariat de la Convention pour l´interdiction des armes biologiques. Elle dit avoir de solides arguments face aux Pays-Bas qui sont aussi sur les rangs.

Les armes biologiques sont en principe interdites depuis plus d’un quart de siècle. Mais leur menace potentielle n’est pas totalement écartée du simple fait que leur fabrication est difficilement vérifiable et leur efficacité toujours redoutable même si elle ne se pose pas véritablement en termes stratégiques.

Le problème avec ce type d’armes, c’est que le traité qui en bannit la fabrication et le stockage n’a prévu ni mesures de vérifications ni sanctions. Depuis quelques années, surtout depuis la Guerre du Golfe, une majorité de gouvernements cherche à combler ce vide.

Le développement spectaculaire des technologies génétiques et des calamités comme celle de la vache folle montrent en tout cas la nécessité d’un outil de contrôle international.

Experts et diplomates se sont donc mis à négocier une remise à jour de la Convention sur l’interdiction des armes biologiques sous la forme d’un protocole qui fixerait un certain nombre de mécanismes communs de surveillance.

On ne va toutefois pas jusqu’à imaginer des enquêtes et des rapports comme c’est le cas dans le domaine des armes chimiques.

N’empêche. Même si ce système de contrôle s’annonce moins contraignant et moins rigide, il nécessitera un secrétariat chargé de l’appliquer. En l’état actuel des négociations qui se poursuivront durant toute l’année 2001, il est difficile de prévoir ce que pourrait être la taille de cette infrastructure permanente. Les estimations tournent autour de 250 postes de travail.

La Suisse ne veut pas répéter l’expérience malheureuse de 1992. Cette année-là, faute d’avoir empoigné le dossier à temps et avec tout le sérieux voulu, elle avait vu le secrétariat de la Convention sur les armes chimiques lui filer entre les doigts pour s’établir aux Pays-Bas.

Ce sont précisément les deux mêmes pays qui se retrouvent aujourd’hui dans un nouveau face à face et qui convoitent, pour Genève ou pour La Haye, le siège de la future organisation de la Convention sur les armes biologiques. Les deux candidatures ont été officiellement présentées jeudi devant le comité chargé de la négociation du nouveau protocole.

La Suisse a pour elle quelques arguments clefs. D’abord que toute la problématique des armes biologiques, de 1925 à ce jour, a toujours été négociée à Genève. Ensuite que les questions de désarmement liées à des problématiques humanitaires (on pense aux mines antipersonnel) sont également traitées dans cette ville.

Enfin que l’Organisation mondiale de la santé (OMS), elle aussi sur place, est directement concernée par les aspects épidémiologiques et bactériologiques de ce type d’armement.

La Haye, qui n’avait pas véritablement de tradition d’hébergement de grandes organisations hormis la Cour internationale de justice, a depuis quelques années amélioré considérablement la qualité de son offre. La Suisse reconnaît que c’est un «concurrent sérieux», avec des arguments appréciables en ce qui concerne par exemple le coût de la vie.

Qu’en est-il de Genève? «Elle peut offrir un sol fertile au développement d’une organisation qui ne sait pas encore très bien où elle va», dit l’ambassadeur Christian Faessler, représentant de la Suisse à la Conférence du désarmement. Et qui, dans la foulée, précise que son pays ne posera pas de candidature pour le siège de la future Cour criminelle internationale. On peut imaginer par contre que les Néerlandais auront pour cela des arguments plutôt irréfutables.

Concrètement, l’offre présentée jeudi par la Suisse se veut «généreuse et attractive». Elle porte sur des conditions d’installation «très économiques» (notamment la gratuité des locaux pendant cinq ans), un cadre de travail «efficace» et une qualité de vie «exceptionnelle». On n’est est pour le moment qu’au round d’observation.

Les cartes sont sur la table, mais les jeux ne sont pas faits. Il reste quelques mois aux deux candidats pour affiner leurs dossiers.

Bernard Weissbrodt


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