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Genève renforce son pôle environnemental

La première Maison Internationale de l'Environnement, à Genève. Keystone

La Maison internationale de l’environnement inaugure son 2ème immeuble, entièrement financé par la Suisse.

La Confédération cherche ainsi à renforcer le pôle environnemental de Genève face à la concurrence menée par Bonn, l’ancienne capitale allemande.

Genève célèbre la Journée internationale de l’environnement en inaugurant un bâtiment exemplaire en matière d’économie d’énergie.

«Chauffé et rafraîchi par dalle active, ventilé mécaniquement et naturellement, équipé d’un éclairage modulé selon la lumière extérieure et la présence humaine, l’immeuble respecte l’environnement, tout en offrant un confort exceptionnel », s’extasie le communiqué officiel.

Destiné notamment à accueillir des ONG écologistes, le nouveau bâtiment permettra de développer l’action menée au sein de la 1ère Maison de l’environnement.

Ouvert en 1999, ce bâtiment héberge en effet le bureau européen du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et plusieurs autres organismes de l’ONU dédiés au développement durable et à la lutte contre la pollution.

Une synergie efficace

Philippe Roch tire un bilan enthousiaste de cette 1ère Maison internationale de l’environnement (MIE).

«Les organisations présentes ont appris à travailler ensemble. Elles peuvent également compter sur l’appui d’une cellule de communication. Ainsi, la Maison de l’environnement joue déjà bien son rôle de centre international sur l’écologie et le développement durable », affirme le directeur de l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage (OFEFP).

A titre d’exemple, Philippe Roch cite l’élimination en Afrique de quelque 50’000 tonnes de pesticides périmés. La mise en œuvre de ce programme planifié sur une dizaine d’années a été grandement facilitée par le centre genevois et son réseau, selon le haut fonctionnaire helvétique.

Pour sa part, Frits Schlingemann évoque le nombre croissant d’activités menées depuis la MIE. «L’ouverture d’un 2ème bâtiment permet de répondre à cette croissance », souligne le directeur du PNUE pour l’Europe.

Le nouvel immeuble doit également accueillir des ONG internationales et des associations issues des pays du Sud. L’objectif de la MIE, lui, ne varie pas. « Il s’agit de mieux coordonner la lutte environnementale au sein du système des Nations unies », précise Philippe Roch.

Une vive compétition

«Avec ces nouvelles infrastructures, Genève peut faire face à la concurrence que lui livrent d’autres villes, en particulier Bonn, l’ancienne capitale de la République fédérale allemande», note encore Philippe Roch.

Ces dernières années, Bonn a en effet obtenu le siège de la Convention sur la désertification et celui du traité international sur les changements climatiques.

La Convention sur la biodiversité, elle, est partie pour Montréal. A chaque fois, la candidature genevoise a donc été écartée.

«Après ces échecs, il a fallu que je me batte à l’intérieur de la Suisse pour que Genève continue de jouer son rôle international sur le plan environnemental », affirme directeur de l’OFEFP.

Aujourd’hui, cet engagement est acquis. « L’ensemble des partis politiques a compris l’importance de Genève, en particulier dans l’harmonisation, sur le plan mondial, des normes environnementales», souligne Philippe Roch.

Cette mise à niveau permettra en effet d’augmenter la compétitivité des entreprises suisses en généralisant leurs mesures de lutte contre la pollution.

Deux sièges en vue

Fort du soutien de la Confédération, Genève compte désormais obtenir le secrétariat de la Convention de Rotterdam sur le commerce des produits chimiques dangereux et celui de la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants.

Pour l’heure, ces deux bureaux sont installés provisoirement dans la Maison de l’environnement. Genève veut donc les garder définitivement. Mais Bonn n’a pas abandonné la partie.

«Les Allemands mettent en place une forte stratégie de conviction, précise Philippe Roch, y compris en finançant des projets de coopération en faveur des pays qui les soutiendront. La Suisse, elle, ne mélange pas sa politique de coopération et la recherche de soutiens politiques. »

Genève continue par contre de miser sur la présence d’un grand nombre d’organisations internationales aussi importantes que l’OMS ou l’OMC et de toutes les missions diplomatiques liées à leurs activités. Un avantage que Bonn ne peut plus offrir.

Le directeur de la Fondation des immeubles pour les organisations internationales (FIPOI) ajoute un argument moins connu.

«La région lémanique compte un grand nombre de multinationales, deux universités et plusieurs instituts de recherche, souligne Pierre Gilliot. En venant à Genève, le conjoint d’un cadre onusien peut donc espérer trouver un emploi digne de ses attentes».

swissinfo, Frédéric Burnand à Genève

– La Maison internationale de l’environnement (MIE) inaugure son 2ème immeuble, dont le coût s’élève à 26 millions de francs.

– Ces nouveaux locaux permettront d’accueillir des ONG telles que Care international, l’Alliance internationale pour la gestion de l’eau de pluie (IRHA) ou le Climate investment partnership (CIP).

– Le 1er bâtiment de la MIE héberge le bureau européen du PNUE, le secrétariat de la CITES (espèces menacées), les Conventions de Bâle (transport de déchets dangereux), de Rotterdam (commerce des produits dangereux) et de Stockholm (polluants organiques persistants).

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