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Giuliano Bignasca passe un mauvais quart d’heure

Les temps sont difficiles pour Giuliano Bignasca. Keystone / Karl Mathis

Le «padre-padrone» de la Lega est dans le collimateur de la justice tessinoise. Le procureur général pourrait rouvrir un dossier, bouclé hâtivement, sur les graves accusations lancées contre lui par une ancienne trafiquante de drogue italienne.

Les révélations de ces derniers jours portent à le croire. Moins d’un an après le «Ticinogate», le Tessin est peut-être sur le point de vivre un «Bignascagate».

Le conseiller national Giuliano Bignasca – dit «le Nano» ou «Codino» – est un consommateur notoire de cocaïne. Il a, en outre, un casier judiciaire chargé. Pour autant, il n’a encore jamais été accusé de liens directs avec la mafia italienne.

Mais, se basant sur les révélations faites en mars dernier par l’ancien commissaire Fausto Cattaneo dans son livre «Comment j’ai infiltré les cartels de la drogue», la presse tessinoise vient de lancer un nouveau pavé dans la mare.

Les médias ont notamment ressorti les graves accusations jadis lancées contre Giuliano Bignasca par une toxicomane et ex-«mule» de nationalité italienne devenue, depuis, collaboratrice de la justice.

Entre 1989 et 1991, cette jeune Milanaise aurait livré plusieurs kilos de cocaïne et deux revolvers au politicien tessinois. C’est du moins ce qu’elle a raconté à la justice de son pays.

Fournie par un clan de la «n’drangheta» (la mafia calabraise), la drogue en question aurait été acheminée à Lugano, à deux reprises, dans les hôtels de Giuliano Bignasca.

Arrêtée en 1992 à l’aéroport de Kloten, alors qu’elle rentrait d’un voyage en Amérique du Sud, la jeune femme avait été condamnée à deux ans et demi de réclusion.

En mars 1994, deux mois avant la fin de sa peine, lors de son transfert à Lugano, elle avait confié au procureur Jacques Ducry avoir livré de la cocaïne et des armes à un Tessinois qu’elle appelait «Codino». Un client qu’elle avait ensuite formellement identifié sur une photo de police comme étant Giuliano Bignasca.

Ces graves accusations avaient été répétées en 1995 aux enquêteurs milanais qui avaient démantelé le réseau de trafiquants. Mais, après avoir interrogé Giuliano Bignasca, le Ministère public tessinois avait bouclé le dossier.

Cela dit, le nom du président de la Lega avait été à nouveau évoqué. Cette fois, en 1997, lors du procès intenté contre la bande à Milan.

Dimanche, dans les colonnes son hebdomadaire, Giuliano Bignasca a fermement repoussé les accusations portées contre lui. Il parle de «campagne diffamatoire» qui vise à «le convaincre de quitter la scène politique.»

Cela dit, l’affaire a donné lieu à une intervention au Conseil d’Etat tessinois. En effet, le député Stefano Malpangotti a demandé au gouvernement d’enquêter sur la façon d’agir de la magistrature tessinoise. Quant au procureur général Luca Marcellini, il devrait incessamment prendre position.

Gemma d’Urso, Lugano

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