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Goldman & Zep, des pieds et des mains

JJG, Zep et Erick Benzi. Image tirée du livret, photo de Claude Gassian

Le nouveau Goldman, «Chansons pour les pieds», sorti ce mardi, comporte 12 titres... et un livret de 64 pages illustrés par le dessinateur Zep. Pô triste.

Sans compter les compilations («Pluriel», «L’Intégrale 90-00»), disque live («Tournée 98», et bande originale de film («Astérix et Obélix contre César»), le dernier véritable album du Français Jean-Jacques Goldman remonte à 1997 («En passant»). Au vu de la stature de l’artiste, une nouvelle parution est donc un événement.

Et l’événement devient double lorsque Goldman, dont les chansons accompagnent nos vies depuis 20 ans – en omettant «Sister Jane» et l’époque Taï-Phong, se fait accompagner au crayon et au pinceau par le dessinateur romand Zep, créateur de Titeuf et sa bande: Nadia, Manu, Zizie, Marco, Ramon et autres Vomito…

Deux univers

Zep et la musique ne sont pas étrangers l’un à l’autre. Chanteur du groupe Zep’n’Greg, inconditionnel collectionneur de tout ce qu’a enregistré Bob Dylan, son pseudonyme, de surcroît, est à mettre au crédit du légendaire Zeppelin de Page & Pant. Et puis on se souvient de son désopilant one-shot, «L’enfer des concerts» (Ed. Dupuis).

«Tu es de ma famille, du même rang, de même vent», écrivait Goldman dans une chanson parue en 1985. Difficile de voir pourtant un lien de parenté entre l’univers de Goldman et celui de Zep. Car si le vent de Goldman est souvent poétique, celui de Titeuf relève en général plutôt du «prout» des préaux scolaires. Ce qu’ils partagent par contre: la tendresse et une sensibilité incontestables.

Dans le livret, le style de Zep, quoique parfaitement reconnaissable, s’est adapté aux climats du chanteur. Il y a de la BD pure (les p’tits mickeys des «P’tits chapeaux»), mais aussi de délicates aquarelles (ainsi ce village breton recroquevillé pour «Et l’on n’y peut rien» et «Je voudrais vous revoir»), ou des dessins à la plume, rehaussés de lavis sépia.

Superbe travail, à la fois élégant et souriant, largement récompensé par le Maître: à la dernière page, sur les seules photos du livret, Goldman, Erick Benzi (ingénieur du son et programmateur) et Zep font jeu égal.

Un et deux et trois et quatre…

«Chansons pour les pieds» donc. Ce qui ne signifie pas que JJG ait un point de vue dépréciatif sur son public, mais que cet album est un hommage aux divers styles musicaux – et donc également styles de danse – qui l’ont influencé.

«Bien plus que dans un stade, bien plus qu’à l’opéra ou à la télé, c’est dans les bals que les musiciens m’impressionnent, me touchent le plus. Là où ils me semblent les plus nobles, irremplaçables, capables de nous faire nous lever, nous regarder, nous parler, nous désirer, nous frôler (…)», écrit-il.

Alors les styles défilent, du canon choral («Ensemble») au pop (le bretonnant «Je voudrais vous revoir») en passant notamment par la gigue (le joli «Et l’on n’y peut rien»), le ‘technoriental’ («Une poussière»), le disco (le rigolo «C’est pas vrai» ou le rock («The Quo’s in town tonite», hommage-repiquage à Status Quo comme «Des vies» en était un à Dire Straits).

Diversité et unité

Ce qui est amusant dans l’affaire, c’est que derrière l’emballage d’un album conceptuel, et sensé par conséquent avoir une unité toute particulière, c’est justement la carte de la diversité musicale que joue Goldman… comme sur la plupart de ses précédents albums.

Plus habile encore: la gigue de «Et l’on n’y peut rien» ou la tarentelle de «Tournent les violons» ne sont rien d’autre que des rock-shuffle, tels qu’il les affectionne depuis toujours (réécoutez «Encore un matin»), habillés en danses traditionnelles. Bref, l’unité n’est pas due au thème de la danse, mais bien à la patte du bonhomme.

A l’arrivée, un album plus goldmanien que jamais, comportant un nombre de tubes potentiels invraisemblable. Un album moins intimiste que «En passant», et cela même si la plus grande partie des enregistrements ont été réalisés en pantoufles, à la maison.

Avec tout de même quelques participations extérieures: la chorale «Les fous chantants d’Alès», le Bagad de Kemperle, la Fanfare «nègre» de Champigny ou un ensemble de cordes dirigées par le redoutable Yvan Cassar.

Bernard Léchot

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