Des perspectives suisses en 10 langues

Grippe aviaire: un cri d’alarme pris au sérieux

La grippe aviaire: pire que la grippe espagnole? Keystone

L’Office fédéral de la santé publique prend très au sérieux le risque de pandémie liée à la grippe aviaire, confirmé par l’Organisation mondiale de la santé.

L’OMS estime mercredi que la communauté internationale devrait faire davantage pour maîtriser une maladie qui a déjà tué 42 fois en Asie.

«A l’OMS, nous pensons que le monde doit faire face aujourd’hui au plus grave danger de pandémie», estime le directeur de l’organisation onusienne pour le Pacifique-Ouest.

«Si le virus devient hautement contagieux entre les êtres humains, précise Shigeru Omi, l’impact sanitaire en termes de morts et de malades sera énorme.»

Et même si le virus ne présente pas encore un potentiel efficace de transmission d’humain à humain, la Suisse prend cette éventualité très au sérieux. «La preuve, nous travaillons sur le dossier depuis plusieurs années», affirme à swissinfo Frédéric Eynard, collaborateur scientifique à l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).

«On peut supposer qu’il y aura une pandémie de grippe, mais on ne peut pas dire quand», poursuit ce spécialiste, avant de préciser: «La Suisse poursuit son travail. On se rend compte en Asie qu’il s’agit d’un problème difficile à régler.»

Le pire scénario: 42’000 morts

Sur la base d’extrapolations de la Grippe espagnole (la plus grande pandémie connue), l’OFSP a établi une projection pour la Suisse en cas de pandémie. «Le pire scénario possible» envisage 2 millions de consultations médicales, environ 14’000 hospitalisations et 42’000 morts.

Face à la problématique de la pandémie de grippe et ses suites possibles, le Département de l’Intérieur a mis sur pied (en 1995) un group de travail qui comprend aussi des experts des cantons, des spécialistes de la grippe et du laboratoire de référence de la grippe.

Baptisé «Groupe de travail influenza», cette équipe d’experts a élaboré une stratégie en cinq axes. Outre la surveillance des virus de la grippe classique et des campagnes régulières de vaccination, la Suisse dispose dorénavant d’un plan d’action au cas où la pandémie venait à éclater.

«Ce plan est adapté en fonction des nouvelles connaissances et de la situation sur le terrain», indique Frédéric Eynard. Il précise notamment les responsabilités en cas d’épidémie mondiale.

Stock en cours de constitution

Le groupe de travail Influenza chapeaute aussi ce qui est entrepris au niveau de la prévention. Depuis le 1er avril dernier, une ordonnance fédérale prévoit la constitution de réserves obligatoires de médicaments antiviraux.

«Le stock est en train d’être constitué, indique Frédéric Eynard. Il devrait l’être d’ici fin 2006». Objectif: «Protéger la population durant un certain temps. Il est difficile d’être plus précis car le nombre de personnes qui seront touchées n’est pas connu», note le collaborateur scientifique.

Une certitude toutefois, une des priorités ira à la distribution prophylactique d’antiviraux au personnel de santé, «afin de maintenir le système de santé efficace». Une distribution thérapeutique aux malades de la grippe pandémique est également prévue.

Quand au vaccin proprement dit, «nous y travaillons, relève Frédéric Eynard, mais la solution n’est pas encore là».

Pour instituer toutes ces mesures et leur donner plus de poids, l’OFSP a également préparé une ordonnance que le Conseil fédéral (gouvernement) doit encore avaliser. «Nous espérons qu’elle pourra entrer en vigueur au premier semestre de cette année encore», précise Frédéric Eynard.

Moins de pays touchés cette année

Sur le plan international s’est ouvert mercredi au Vietnam une conférence – à laquelle la Suisse ne participe pas – portant sur le virus H5N1. Un virus déjà solidement implanté en Asie, qualifié d’endémique chez les volailles.

Jusqu’ici, la grippe aviaire a fait 42 morts. Mais selon l’OMS, une épidémie mondiale pourrait potentiellement porter ce chiffre à quelque 100 millions de morts.

Cette année, trois pays «seulement» ont été touché par la grippe aviaire – Vietnam, Thaïlande, Cambodge – contre huit l’an dernier.

Mais les experts craignent toujours qu’une mutation du virus ne donne le déclic à une pandémie humaine. Cette mutation pourrait intervenir par l’intermédiaire du porc, dont certains cas d’infection sont connus en Chine.

Le porc interviendrait comme le terrain de rencontre entre le virus H5N1 et celui de la grippe humaine, qui pourrait muter.

Après enquête sur un «probable» premier cas de transmission d’homme à homme en Thaïlande, l’OMS a annoncé l’automne dernier que le virus n’avait pas muté.

swissinfo et les agences

L’OMS rapporte 55 cas confirmés de grippe aviaire et 42 décès au Vietnam, en Thaïlande et au Cambodge jusqu’à fin janvier 2005.
Endémique, la maladie a touché au moins huit pays l’an dernier, dévastant les élevages de volaille.
La grippe aviaire a été observée pour la première fois en 1997 à Hong Kong.
Quasiment tous les cas humains semblent avoir pour source des volatiles.

– Les oiseaux malades de la grippe aviaire meurent très rapidement une fois infectés. L’humain peut lui aussi être infecté par contact avec les oiseaux atteints.

– Les experts craignent une mutation du virus humain de la grippe humaine qui entrerait en contact avec celui de la forme aviaire.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision