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Guerres armées et marchandes, en peinture

Klara Kuchta, «Ravissante blonde (reconstitution), 1981-2003, collection de l'artiste. Ilmari Kalkkinen et Mamco, Genève

A Genève, le Musée d'art moderne et contemporain organise le cinquième épisode de son cycle «Rien ne presse».

Sous le titre «Ornicar», il rassemble onze monographies d’artistes de différents pays. Leurs œuvres interrogent notre monde éclaté.

Souvenez-vous, vous aviez à peine 12 ans. A l’école vous appreniez alors les conjonctions de coordination que votre professeur, pour aider votre mémoire, avait contractées en un seul mot: Ornicar.

«Mais où et donc Ornicar?» vous avait-il appris à vous demander. Rébus qui vous évitait l’oubli desdites conjonctions. Ornicar devenait ainsi un personnage cocasse dans le paysage de la grammaire française.

C’est curieusement à lui que l’on pense lorsqu’on franchit le seuil du Mamco à Genève. Et pour cause… l’exposition qui s’y donne a pour titre «Onicar!» Elle constitue le cinquième épisode du cycle «Rien ne presse» découvert ces deux dernières années au Mamco.

Soit un programme de onze monographies qui, pour ce cinquième épisode, rassemble des installations, des peintures et des sculptures d’artistes de différents pays.

Leur grammaire? Elle n’obéit à aucune règle. Ou plutôt si. Elle est régie par la disparité des couleurs et des formes.

Et si ces artistes se souviennent d’Ornicar c’est pour lui envoyer un pied de nez et lui signifier que dans ce monde éclaté, tiraillé entre les guerres armées et marchandes, la coordination reste une entreprise quasi impossible.

En donnent la preuve Claude Lévêque et Gérard Fromanger, deux plasticiens français, phares de cette exposition.

Entre choc et dérision

Le premier a installé au 4e étage du musée huit oeuvres qui semblent interroger l’immense bavardage humain, sa cacophonie, sa routine, sa rengaine… Ici, des rangées de gradins inoccupés se font face dans un silence de stade de foot vidé de ses supporters. Là un «Salon de chair» attend désespérément ses causeurs pour une conversation qui s’annonce à fleur de peau.

Le deuxième, Gérard Fromanger, est immense, dans son talent comme dans sa peinture. Ses toiles, dont certaines s’étendent sur un pan de mur de 6 ou 7 mètres, pose un regard affligé sur les conflits qui ont ensanglanté la fin du XXe siècle.

Chars d’assaut, avions de chasse et hélicoptères de combat font tache dans le ciel zébré de rouge, bleu, jaune et noir de sa magnifique série de peintures intitulée «Batailles».

Plus drôles mais non moins dramatiques sont les vidéos, photographies et installations de Klara Kuchta, artiste genevoise (d’origine hongroise) qui travaille sur le cheveu comme phénomène de la vie culturelle et économique.

Cela va de l’étalage de mèches, alignées sur du papier comme une partition musicale, à la pub et ses slogans sur la coloration, en passant par les perruques, blondes évidemment. La blondeur renvoyant au cliché de la femme fatale.

De quoi faire remuer Ornicar dans sa tombe. Mais ce personnage fantasque est-il vraiment mort?

swissinfo, Ghania Adamo

«Ornicar», 5e épisode du cycle «Rien ne presse». Genève, Musée d’art moderne et contemporain. Jusqu’au 25 janvier 2004. Tel: 022 320 61 22

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