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Gygi le valoroso expose au MAMCO

Fabrice Gygi, Gygi & Platypus, 1994, linogravure en noir. Nicolas Spuler, Genève

L'artiste genevois est «prêté» par le Cabinet des Estampes à l'institution de Plainpalais. Entre «Play», «Replay» et «Record-All-Over», on y perd ses «tattoos».

Il nous avait habitués aux murs de sacs, gradins, tentes et autres grosses installations ; voici qu’il donne dans l’intimiste et le graphique, le mini et la série. Fabrice Gygi – le Genevois qui s’est notamment exporté au Magasin de Grenoble, au Swiss Institute de New York et à la Biennale du Caire, pour y représenter la Suisse – Gygi donc arrive au MAMCO.

Le Cabinet des Estampes a prêté pour l’occasion sa collection graphique – linogravures, dessins et sérigraphies, réunis sous l’intitulé de self-tattoos – à la grosse institution de Plainpalais.

La mouche tatoueuse

Ça cause de tatouage et ça se lit – tout au fond du couloir du premier, à droite des ascenseurs – dans le sens des aiguilles d’une montre. Très tôt piqué par la mouche tatoueuse, Gygi le valoroso s’essaie à la peinture corporelle dès l’école primaire, pendant les cours de dessin. Les premières œuvres présentées au MAMCO ont été réalisées en 82, alors qu’il est âgé de dix-sept ans. Il se met alors à éditer de petits bouquins et à imprimer des planches.

Notre Gygi file du mauvais coton, mais les lieux dits éducatifs qu’il fréquente ont ceci d’heureux qu’ils lui laissent le loisir de tâter des différentes techniques de gravure, avant d’entreprendre une formation aux Arts Décoratifs.

Autobiographique

La plupart des thèmes abordés ici ont une connotation ouvertement autobiographique: l’artiste reconnaît sa dette à l’égard de la BD et des formes graffitées, son amour de la piqûre et de la couture, l’ornithorynque fétiche pour sa bizarrerie qui lui servira de signature à une certaine époque, la fascination pour le Grand Nord. Il y a aussi l’humour et les arrêts de bus, les cerfs au pochoir et le parcours vita – le visiteur voudra bien ici se plier aux consignes: fléchir le torse, bras et jambes tendus, avant de faire le moulin…

Pour tous les goûts

Seul regret à propos de l’heureuse alliance entre deux institutions guère parentes – on perd quelque peu Gygi le tatoué dans un magma d’autres choses. Comme à l’accoutumée, le musée genevois donne à voir abondance de biens, à commencer par l’exposition collective «Record All-Over», réalisée conjointement avec Saint-Gervais à l’occasion de la 9e Biennale de l’image en mouvement, collaboration qui préfigure la fusion méchamment nommée Bac+3.

Là-dessus, en plus de «Play» – outre le Genevois, classé là sans qu’on sache trop pourquoi, non loin de son compatriote Baudevin, de la voiture obèse de Erwin Wurm, des vitrines de Frieda Schumann et autres photos retravaillées d’Allen Ruppersberg – il y a encore les seize ex-expos partiellement revues de «Replay».

Mais encore ? Le MAMCO «poursuit sa réflexion sur l’accrochage, la polysémie et la polyphonie qui en résultent», disent les communiqués et Christian Bernard himself. Et s’il entreprenait à une réflexion sur le langage e t les cacophonies verbeuses?

Véronique Zbinden

«Fabrice Gygi: Self-Tattoos, estampes et multiples, 1982-2001» : Musée d’Art moderne et contemporain, 10, rue des Vieux-Grenadiers, Genève; tous les jours sauf lundi, 12-18h, mardi jusqu’à 21h. Jusqu’au 6 janvier 2002.

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