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Hans-Rudolf Merz, le peuple et la finance

Hans-Rudolf Merz, successeur de Kaspar Villiger. Keystone

Il n'a jamais voulu devenir «un conseiller quelconque»: Hans-Rudolf Merz, 61 ans, a longtemps refusé toute candidature politique.

Elu au gouvernement six ans seulement après ses premiers pas au Parlement, l’Appenzellois est un homme à la fois proche du peuple et familier des sphères de l’économie.

On le dit à l’aise dans toutes les situations. Ce spécialiste de la finance est entré tard en politique, mais il est rapidement devenu médiatique grâce à ses talents d’orateur.

Régulièrement invité à Arena, le grand talk-show politique de la télévision alémanique, le nouveau conseiller fédéral serait en outre presque aussi à l’aise en français que dans sa langue maternelle.

Une longue parenthèse

Dans les années soixante, Hans-Rudolf Merz a été secrétaire du Parti radical saint-gallois avant de siéger au législatif de sa commune d’Herisau.

Par la suite, il a préféré présider le club de patinage local. Cet ancien marathonien a également joué un rôle important dans la construction du centre polysportif de la ville.

Depuis son doctorat défendu à l’Université de St-Gall sur le thème du référendum financier, les finances et les mesures d’économies n’ont cessé d’occuper sa carrière professionnelle. Il a travaillé pendant plus de 20 ans comme conseiller d’entreprise dans le monde entier.

Président de la Banque cantonale d’Appenzell depuis 1993, Hans-Rudolf Merz a réussi in extremis à sauver l’institution de la faillite en la vendant à l’UBS. Le canton a ainsi évité une débâcle financière.

Ce succès lui permet un brillant retour politique en 1997. Bien que candidat «sauvage», il est élu directement au Conseil des Etats grâce au soutien de l’UDC.

Et c’est là que commence sa deuxième carrière.

Rigueur financière et euroscepticisme

Le nouveau conseiller fédéral a la réputation d’être intègre et loyal. Il ne fait partie d’aucun lobby. Représentant de l’aile droite du Parti radical, il défend une politique financière stricte.

Hans-Rudolf Merz est membre d’un groupe de parlementaires libéraux, qui se rencontrent une fois par session pour discuter de politique financière et économique.

Dans ce cadre, comme à la tête de la commission des finances du Conseil des Etats, il a toujours mis en garde contre le danger que représentent l’augmentation des dépenses de l’Etat et l’endettement public.

Bien que proche de l’économie, Hans-Rudolf Merz est un adversaire déclaré de l’entrée de la Suisse dans l’Union européenne. Mais il prône la poursuite de la voie bilatérale.

Il se dit «attaché aux valeurs traditionnelles», mais il est pour un partenariat homosexuel et pour l’assurance maternité votée par le Parlement.

Quelques casseroles

Parti favori à la succession de Gerold Bührer à la tête des radicaux suisses à fin 2002, l’Appenzellois doit jeter l’éponge suite aux critiques sur ses mandats dans l’économie privée.

Hans-Rudolf Merz est notamment président du conseil d’administration d’Anova Holding, ex-Amiantus, au cœur d’une polémique sur l’amiante.

A ce titre, il est directement concerné par des plaintes d’ex-employés sud-africains tombés malades à cause de l’amiante. «Mon but est de régler ces plaintes d’ici à la fin de l’année en versant des indemnités», a-t-il déclaré avant son élection.

Hans-Rudolf Merz siège aussi au conseil de Huber et Suhner, soupçonnée d’avoir eu des liens avec le régime de l’apartheid en Afrique du Sud. Enfin, il préside l’assurance-vie Helvetia Patria.

Bien entendu, le nouveau conseiller fédéral se retirera de tous ses mandats d’entreprises avant de prendre ses fonctions.

Féminisme et ouverture

Avec l’éviction de Ruth Metzler et la non-élection de Christine Beerli, Hans-Rudolf Merz prend de fait la place de la deuxième femme du gouvernement.

Dans les minutes qui ont suivi sa victoire, le nouvel élu a dit à la télévision «comprendre la frustration des femmes» et regretter le départ de Mme Metzler, «qu’il connaît très bien».

Selon lui, la revendication des femmes d’avoir deux représentantes au gouvernement est justifiée. «Elles ne doivent toutefois pas avoir peur, a-t-il ajouté, car je serai le premier à me mettre à leur disposition en tant qu’interlocuteur.»

Enfin, Hans-Rudolf Merz se dit partisan résolu d’une Suisse ouverte. Selon lui, le nouveau Conseil fédéral est «certes plus libéral, mais pas plus fermé.»

swissinfo et les agences

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