Hillary Clinton s’associe à l’idole des jeunes, Bernie Sanders
(Keystone-ATS) Les retrouvailles entre Hillary Clinton et Bernie Sanders n’ont pas été particulièrement chaleureuses mercredi, pour leur deuxième réunion publique commune depuis la fin des primaires démocrates. Mais le courant passe mieux, unis qu’ils sont pour battre Donald Trump.
« Je vous demande de penser en grand », a lancé le charismatique sénateur indépendant du Vermont, très applaudi par 1200 personnes sur le campus de l’université du New Hampshire à Durham.
Le sénateur de 75 ans a été plébiscité par les jeunes démocrates lors des primaires, recueillant jusqu’à 80% de leurs voix dans certains Etats. L’équipe Clinton l’a donc embauché pour tenter de remonter la cote de celle qui l’a battu auprès de cette population ancrée à gauche, mais la tâche est immense.
Les deux tiers des Américains de moins de trente ans avaient voté pour Barack Obama en 2008. Cette année Hillary Clinton atteint à peine la moitié dans les sondages pour la présidentielle. Entre les déçus de Bernie Sanders et ceux tentés par le candidat libertarien Gary Johnson, le nombre d’indécis, à cinq semaines du scrutin, donne des sueurs froides dans les états-majors démocrates.
Version réduite
« Je suis fière que pendant la campagne des primaires, Bernie et moi nous soyons affrontés sur le fond, au lieu de nous insulter », a lancé Hillary Clinton. Une phrase qui n’a toutefois pas été saluée par des applaudissements du sénateur, assis à côté d’elle. « Bernie et moi avons hâte de travailler ensemble », a ajouté l’ancienne secrétaire d’Etat.
Le sénateur a soutenu le projet de Hillary Clinton qui veut rendre l’université publique gratuite pour les étudiants issus d’environ 80% des familles américaines, les moins aisées. Ce plan est une version réduite de la gratuité sans conditions de ressources initialement proposée par Bernie Sanders.
« Je vous assure que je travaillerai avec la présidente Clinton pour que cette législation soit adoptée le plus vite possible », a-t-il promis. Ce qui a suscité une nouvelle salve d’applaudissements.
Besoin de temps
Reconquérir la jeunesse passe par le sujet incontournable du coût des études supérieures, auquel l’événement de mercredi était consacré. A l’université du New Hampshire, les frais de scolarité coûtent jusqu’à 28’000 dollars par an.
Comme jusqu’à 80% des jeunes électeurs des primaires démocrates, Abby Jenson et Celeste Souza, 20 ans, ont chacune voté pour Bernie Sanders. C’est lui qu’elles étaient venues voir mercredi, mais la salle était déjà pleine quand elles sont arrivées.
« Il a conquis nos coeurs », raconte Celeste. Quant à Hillary Clinton, elle constate que beaucoup de ses camarades « ont une idée préconçue d’elle ». « La campagne des primaires contre Bernie Sanders a fait beaucoup de mal », disait la veille un étudiant en MBA de 30 ans, Tyrell Jackson, lors d’un autre déplacement d’Hillary Clinton dans une école de Caroline du Nord. « Il va lui falloir du temps pour reconstruire les ponts ».
Voter utile
Environ 20 millions d’Américains de moins de 30 ans ont voté en 2012, soit seulement 45% d’entre eux, selon une étude du recensement. Par comparaison, les plus de 65 ans ont participé à 72%, soit près de 30 millions de personnes, majoritairement conservatrices.
Tout l’appareil démocrate se mobilise donc pour que les jeunes votent utile en novembre.
A gauche, Jill Stein, la candidate du parti écologiste, semble être un danger contenu, avec 2% des intentions de vote dans les sondages. Mais Gary Johnson, en empruntant à la gauche sur les questions de société (mariage, cannabis) et à la droite sur l’économie, a réussi à se hisser à 7% des intentions de vote, en moyenne, grâce aux jeunes.
Selon un sondage NBC, il est crédité de 16% des voix des moins de 30 ans, contre 49% pour Hillary Clinton et 26% pour Donald Trump. C’est pour conjurer cette menace, notamment, que l’équipe Clinton compte sur « Bernie ».
« Voix convaincante »
« En tant qu’homme politique étiqueté indépendant depuis très longtemps, c’est une voix particulièrement convaincante », note Jennifer Palmieri, directrice de communication de l’équipe Clinton. Il n’a fait à ce jour que deux réunions publiques conjointes avec Hillary Clinton. Aucune autre n’a été programmée à ce jour mais Jennifer Palmieri précise: « nous sommes en train de caler le calendrier ».