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Hors-piste: la sécurité passe par une meilleure information

Avec l'Extreme Contest, Verbier vend du rêve et de l'évasion. Keystone

Le marketing des stations de sport d'hiver célèbre les pentes vierges et la glisse sauvage. Selon les professionnels de la montagne, ce message ne va pas à l'encontre des principes de sécurité. Pour limiter les risques, il ne faut pas interdire mais simplement mieux informer.

Prospectus, affiches ou films publicitaires sont éloquents: les stations de sports d’hiver aguichent le chaland avec des images de poudreuse, accompagnées de slogan qui font volontiers rimer hors piste et liberté. «Normal, affirme Pierre-Yves Délèze, assistant marketing à l’Office du tourisme de Verbier, nous vendons du rêve et de l’évasion.»

Verbier pousse même cette logique aux extrêmes. Ainsi la station sponsorise Dominique Perret et Francine Moreillon, deux athlètes spécialisée dans le freeride. Elle organise aussi l’Extreme Contest, une compétition de snowboard des plus vertigineuse.

La station se défend pourtant de banaliser le hors piste et de pousser les adeptes de la glisse à prendre des risques inconsidérés. «Bien au contraire, affirme Pierre-Yves Délèze, nous utilisons la voix des champions pour transmettre des messages de prévention.»

Et Pierre-Yves Délèze de rappeler que cette année, les compétions de snow ont été reportées d’une semaine en raison des mauvaises conditions météorologiques. «C’est une façon de faire passer un message clair, souligne Pierre-Yves Délèze. Le hors piste, oui, mais pas dans n’importe quelles conditions.»

Quasi unanimement, les professionnels de la montagne tiennent le même discours. Pratiquée avec discernement et dans de bonnes conditions, la glisse sauvage ne présente pas nécessairement de dangers. Les adeptes du hors piste sont donc invités à s’équiper correctement. Et par-dessus tout, ils doivent impérativement s’informer auprès des personnes compétentes.

Dans les stations, ce sont les sociétés de remontées mécaniques qui sont chargées d’assurer l’information. Contre toute attente, dans ce secteur non plus, les professionnels ne s’affolent pas.

«Nous rencontrons beaucoup moins de problèmes que par le passé, affirme Gaston Barben, responsable des remontées mécaniques et de la sécurité à Verbier. Les skieurs sont mieux équipés et mieux entraînés. Par ailleurs, nous avons amélioré la formation de nos équipes. Elles peuvent parfaitement renseigner ceux qui souhaitent se lancer.»

«En outre, précise Gaston Barben, une importante fréquentation des espaces non balisés conduit à un tassement du manteau neigeux. Ce qui limite encore les dangers».

Inutile de se voiler la face: le hors-piste a le vent en poupe. Et les fabricants de matériel, eux aussi, l’ont bien compris. Les nouveaux modèles visent avant tout les adeptes de poudreuse.

«C’est un véritable phénomène de société et nous ne faisons que suivre le désir du client, affirme Michel Clafisch directeur marketing de Davos. Le hors piste fait partie de notre business.»

Il est vrai que pour tous les professionnels de la montagne – du guide au moniteur de ski, en passant par les sociétés de remonte pente – les sorties de pistes représentent une manne non négligeable.

Le mot d’ordre est donc à la prévention. La Suva, la plus importante organisation d’assurance accident de Suisse, a d’ailleurs lancé une campagne de sensibilisation destinée aux jeunes. Objectif: responsabiliser ceux qui sortent des sentiers battus.
Le message semble porter ses fruits. A titre d’exemple, les cours sur les avalanches rencontrent toujours plus de succès.

Bref, les professionnels ont décidé d’adopter un même langage: pas d’interdiction pour le hors-piste mais une meilleure information. Ils espèrent ainsi que les règles de la montagne seront enfin connues et respectées.

Et Jacky Michelet, directeur de l’Organisation cantonale valaisanne de secours de souligner: «les gens ont besoin d’évasion et on ne peut pas aller contre ce désir. Reste à trouver un point d’équilibre entre cette aspiration et les contraintes de l’environnement».

Vanda Janka

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