Idleb sous contrôle djihadiste après le retrait des rebelles
(Keystone-ATS) La ville d’Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, est passée dimanche sous le contrôle de djihadistes après le retrait d’un groupe rebelle rival. Cela permet ainsi à l’ex-branche d’Al-Qaïda de dominer l’une des dernières provinces échappant au régime de Damas.
Dans le même temps, une voiture piégée a explosé dans la ville, faisant 11 morts, dont neuf djihadistes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Ce rebondissement intervient deux jours après un accord de trêve qui a mis fin à une semaine de violents combats entre Ahrar al-Cham, groupe rebelle influent, et la coalition Tahrir al-Cham, menée par l’ex-branche d’Al-Qaïda en Syrie. Ces affrontements ont fait au moins 92 morts, dont 15 civils, selon l’OSDH.
Ahrar al-Cham, qui a le soutien de la Turquie et de pays du Golfe, “s’est retiré d’Idleb et c’est désormais Tahrir al-Cham qui contrôle la ville et ses administrations”, a indiqué Rami Abdel Rahmane, le directeur de l’OSDH. “Des centaines de combattants rebelles ont quitté la ville à bord de dizaines de véhicules en direction du sud de la province d’Idleb”, a-t-il précisé. “Tahrir al-Cham a installé des barrages à travers la cité”.
Anciens alliés, les deux groupes avaient combattu côté à côte et chassé en 2015 les troupes gouvernementales de Bachar al-Assad de la province d’Idleb.
Mais, depuis des mois, les tensions se sont accrues entre les deux camps et ont été exacerbées par les craintes de Tahrir al-Cham, désigné comme “terroriste” par la communauté internationale, d’un plan visant à le chasser d’Idleb, l’une des dernières provinces à échapper au régime de Bachar al-Assad.
Rebelles diminués
La prise par les djihadistes du chef-lieu, très symbolique, intervient après qu’ils se sont également emparés au cours des dernières 48 heures de “plus de 31 villes, localités et villages” à travers la province, selon l’OSDH.
Ce contrôle s’est effectué sans combat, à la suite de l’accord de trêve qui prévoit “un cessez-le-feu et la libération des détenus des deux côtés”. L’accord stipule également “le départ des groupes armés du poste-frontière de Bab al-Hawa pour sa prise en charge par une administration civile”, après des combats dans ce secteur.
La présence d’Ahrar al-Cham se concentre désormais dans Ariha et une partie de Jabal al-Zawiya”, dans le sud-est de la province, d’après l’OSDH. “Son poids a beaucoup diminué dans cette province qui était leur bastion”, a indiqué M. Abdel Rahmane.
“Zones de désescalade”
Cette situation permet à Tahrir al-Cham d’imposer sa prééminence dans la province d’Idleb. La coalition djihadiste est dominée par Fateh al-Cham – autrefois connu sous le nom de Front al-Nosra, avant que le groupe n’annonce officiellement qu’il n’était plus la branche d’Al-Qaïda en Syrie.
D’après les analystes, les violences entre les deux groupes découlent de la crainte par Tahrir al-Cham des conséquences de l’accord conclu en mai à Astana au Kazakhstan. Il prévoit des “zones de désescalade” en Syrie, dans le but de mettre fin à la guerre entre loyalistes et insurgés.
L’accord, conclu entre la Russie et l’Iran, alliés du régime syrien, et la Turquie, soutien des rebelles, englobe la province d’Idleb et appelle à la poursuite du combat contre les groupes djihadistes.