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Inauguration de l’ambassade de Suisse à Berlin: entre humour, culture et politique

Le président de la Confédération, Moritz Leuenberger (à droite), en compagnie de l'ambassadeur Thomas Borer. Keystone

Impossible de ne pas remarquer l'ambassade de la Confédération, tout juste rénovée, lorsque l'on visite le nouveau quartier gouvernemental berlinois: elle côtoie, solitaire, la nouvelle chancellerie et sa restauration architecturale est aussi décriée que le dessin du bâtiment où siège Gerhard Schröder

Plantée avec arrogance à mi-chemin entre le Reichstag et la nouvelle chancellerie, l’ambassade de Suisse est au centre du pouvoir allemand! Dans son discours d’inauguration, le président de la Confédération, Moritz Leuenberger a développé avec humour quelques réflexions de Dürenmatt, sur le voisinage.

Il ne doit pas être, selon le président, «une simple juxtaposition mais bien une collaboration active». Le site imprenable du bâtiment, qui dressait déjà ses murs sur les bords de la rivière Spree avant même la construction du Reichstag, «est un atout, sourit l’ambassadeur de la Confédération Thomas Borer- Fielding. Tous les matins le chancelier et les employés de la chancellerie sont obligés de se rappeler que la Suisse existe».


Le trait d’humour concentre le paradoxe. En effet, la place du bâtiment est une chose. Son rayonnement politique en est une autre. Tous les observateurs de la capitale s’accordent en général à saluer le talent de l’ambassadeur Borer-Fielding à multiplier les liens culturels et intellectuels de la Suisse et de l’Allemagne comme à faire fructifier les liens économiques privilégiés des deux pays -l’Allemagne représente plus de 21% des exportations de la Suisse.


Mais l’inauguration de l’ambassade a eu lieu ce vendredi en l’absence de son plus proche voisin! Le chancelier Schröder est à Paris où il dîne avec le président français pour «parler de la construction de l’Europe». Une coïncidence qui soulignait la difficulté du discours de Moritz Leuenberger assurant vendredi soir que l’Europe ne se construit pas seulement dans l’Union.


La position de l’ambassade de Suisse à Berlin rappelle selon Thomas Borer-Fielding «que la Confédération a toujours été au centre de l’Europe et de son histoire». Certes mais c’est simplement Otto Schilly, le ministre allemand de l’Intérieur, qui représentait son pays à l’inauguration.


Architecturalement parlant l’ambassade rénovée a réussi un second tour de force: éveiller autant les critiques que l’immense bâtiment voisin, la nouvelle chancellerie allemande aux pans de bétons blancs, aux colonnes ovales et aux verrières circulaires. Le flanc moderne dessiné par Diener&Diener accolé au bâtiment rénové construit en 1870 et modernisé, déjà, en 1910 par Paul Baumgarten, déchaîne les critiques.

On le compare, en effet, à un bunker ou à une boîte à chaussures. Certains connaisseurs saluent au contraire le trait de plume de l’école architecturale suisse et la synergie créée par l’accolement du moderne et de l’ancien.

Mais l’ambassade paraît de l’extérieur grise et fermée. «L’inverse de l’image que donne la Suisse ouverte des grandes villes», commente le quotidien Berliner Zeitung.

Michel Verrier, Berlin

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