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Investissements risqués, succès aléatoire

Le Labyrinthe Aventure d'Evionnaz, un exemple typique du parc relativement léger en investissements et riche en succès. Keystone Archive

L'Aquaparc du Bouveret crève tous les plafonds en termes de fréquentation. Pour autant, miser sur un parc d'attractions reste une opération à hauts risques. Pour s'en sortir, les promoteurs doivent sortir la grosse artillerie ou bien rester modestes.

Situés à quelques centaines de mètres l’un de l’autre, Aquaparc et Swiss Vapeur Parc illustrent à merveille ces deux options diamétralement opposées.

Le premier a coûté 35 millions. Sorti de terre en quelques mois, il a été lancé par une campagne de promotion hollywoodienne, tablant sur sa qualité de plus beau parc aquatique de Suisse.

La concurrence de l’Alpamare (sur le Lac de Zurich) ne lui a jamais fait peur. D’autant que l’ «autre» parc à toboggans de Suisse est très loin des rives du Léman.

Résultat: une première année d’exploitation à 450 000 visiteurs, soit 100 000 de plus que prévu. Certes les chiffres 2001 marquent un léger tassement. Mais Aquaparc semble pour l’heure à l’abri de tout souci financier. Cela dit, comme tous les parcs de ce type, il devra rapidement proposer de nouvelles attractions, car le public se lasse très vite.

A côté de ce mastodonte, le Swiss Vapeur Parc passerait presque pour une réalisation artisanale. Au départ, en 1987, il ne s’agissait que du terrain de jeux du Club Vapeur d’Aigle, dont la cité ne voulait plus. Patiemment, ces amoureux de la belle mécanique ont construit de leurs mains un parc qui accueille aujourd’hui 150 000 visiteurs par an.

Les constructions coûtent relativement cher (le Club, devenu SA en 1992, a encore aujourd’hui une dette de deux millions de francs). Et l’exploitation du parc tourne, pour moitié, grâce au bénévolat.

Troisième poids lourd du Chablais, le Labyrinthe Aventure d’Evionnaz qui a attiré quelque 200 000 visiteurs en 1999. Malgré une saison 2000 perdue (en raison des inondations), ses propriétaires affichent aujourd’hui le sourire.

Les cinq millions d’investissements initiaux s’amortissent normalement. Et ce parc continue à faire un quart de son chiffre d’affaires au mois d’octobre – lorsqu’il est sans concurrence -, en organisant ses fameuses nuits d’Halloween.

Quant au doyen des parcs d’attraction helvétiques – l’Happylandnew de Granges -, il est passé en presque 25 ans de quelque 35 000 à 160 000 visiteurs. Avec des investissements à hauteur de six millions de francs seulement, cette véritable institution semble aussi solide que le roc valaisan. D’autant que sa clientèle vient à 80% des autres cantons, alémaniques compris.

Enfin, en Suisse, le marché est loin d’être saturé. En Europe, les amateurs de parcs en visitent 2,8 en moyenne chaque année. Les Suisses, eux, n’en sont encore qu’à 1,8. Et le plus souvent, ils le font hors de leurs frontières. Voilà de quoi donner des idées à nombre de promoteurs.

Pour l’heure, les projets pendants sont du type Aquaparc: investissements massifs et seuil de rentabilité élevé. Si l’on s’en tient aux exemples les plus chers, il faudrait 35 millions de francs et 220 000 visiteurs au Medieval Park de Moudon, 70 millions de francs et 200 000 visiteurs pour Explora Park, et 250 000 visiteurs pour Big Bang, devisé à 60 millions de francs.

Les deux derniers nommés peuvent compter respectivement sur la caution du Fonds national de la recherche et du CERN (même si son directeur a déjà dit que l’activité scientifique était prioritaire). Reste à voir, maintenant, quels financiers oseront se lancer dans l’aventure.

Marc-André Miserez

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