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Irak: La Suisse prépare le terrain à l’ONU

Les inspecteurs de l'ONU pourraient bientôt retourner en Irak. Keystone Archive

Pour préparer le retour en Irak d'inspecteurs de l'ONU, la Suisse pourrait envoyer des spécialistes de la construction. Mais pas d'inspecteurs en désarmement.

L’ONU demande huit spécialistes suisses pour reconstruire son quartier général à Bagdad.

C’est ce qu’a confirmé mercredi à swissinfo Oswald Sigg, le porte-parole du Département fédéral de la défense (DDPS), suite à une information parue dans le quotidien zurichois Tages-Anzeiger. «Nous sommes prêts, mais attendons un feu vert», précise, pour sa part, Martin Bühler, remplaçant du chef de l’information du DDPS.

Concrètement, l’ONU a besoin dans un premier temps d’un ingénieur en bâtiment, de deux électrotechniciens, deux plombiers, deux menuisiers et d’un spécialiste en climatisation.

Le bâtiment de Bagdad – que les inspecteurs ont dû quitter en 1998 suite à un litige entre le président irakien Saddam Hussein et l’ONU – est actuellement en mauvais état.

Des travaux de réparation doivent être entrepris rapidement si les inspecteurs de l’ONU veulent revenir en Irak ce mois encore, comme cela est en principe prévu.

Une première mission d’évaluation

Mais, pour l’instant, la procédure ne fait que commencer, précise-t-on au DDPS. Avant de pouvoir répondre à la demande, encore informelle, de l’ONU, une première étape doit être franchie.

La Suisse doit envoyer à Bagdad dans les plus brefs délais une mission de reconnaissance de quelques spécialistes chargée d’évaluer les besoins. Or, comme l’affaire est délicate, cela nécessite d’abord une décision politique, éventuellement au niveau du Conseil fédéral.

Une chose est sûre. La Suisse a bel et bien soumis la semaine dernière aux Nations-Unies un document intitulé «Disponibilités de la Suisse dans le domaine des armes ABC», confirme le DDPS.

Une offre sans suite

Dans ce document, la Suisse fait savoir qu’elle peut notamment mettre à disposition de la Commission d’inspection de l’ONU en Irak (COCOVINU) – dans un délai de deux à quatre semaines – une dizaine de spécialistes en armes biologiques et chimiques, des officiers spécialisés en matière d’armes ABC.

Elle offre également les services du Laboratoire atomique et chimique du Département de la défense à Spiez pour d’éventuelles analyses d’échantillons prélevés en Irak.

Mais, le Laboratoire de Spiez précise que ces experts ne pourraient être mis à disposition en même temps. Le Laboratoire assumerait en effet pour l’ONU d’autres missions importantes – notamment dans le cadre de l’application de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques – et son personnel serait limité.

Un manque d’initiative

Alors que la Suisse était très engagée de 1991 à 1998 dans l’ancien corps d’experts de l’ONU chargés de désarmer l’Irak de ses armes de destruction massive (UNSCOM), aucun Suisse ne fait actuellement partie du nouveau corps d’experts.

Berne aurait peut-être pu être plus active à cet égard, reconnaît le Département fédéral de la défense. Mais on y souligne qu’après l’expulsion des inspecteurs de Bagdad en 98, on a préféré confier au Laboratoire de Spiez des tâches directement utiles, notamment en ce qui concerne l’application de la Convention sur les armes chimiques.

On n’exclut d’ailleurs pas que suivant la manière dont les choses évoluent, l’ONU fasse quand même appel à des spécialistes suisses dans des domaines où leur expertise est internationalement reconnue.

Et le fait que la Suisse soit toujours considérée par beaucoup comme un Etat «neutre» reste un atout dans ce domaine.

swissinfo/Michel Walter

Le Laboratoire de Spiez a été créé en 1925 pour lutter contre les gaz de combat.
Il s’occupe d’armes nucléaires, biologique et chimiques.
Il emploie 98 personnes.
Son budget annuel est de 20 millions de francs suisses.
Il est présent sur la scène internationale depuis 1984 (guerre Iran-Irak).

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