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JO de Pékin: des ONG dénoncent la main de fer chinoise

Sur les affiches de RSF, les anneaux olympiques se transforment en menottes. Keystone

Des organisations non gouvernementales (ONG) ont condamné la recrudescence des contrôles de la population et des médias chinois en vue des JO de Pékin 2008.

Amnesty International (AI), Reporters sans frontières (RSF) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) ont appelé à faire pression en faveur des libertés en Chine, aussi du côté du CIO.

«Si la Chine peut accueillir les Jeux, elle peut aussi accueillir la démocratie.» C’est ainsi que Youcai Wang, dissident chinois réfugié aux Etats-Unis, a exprimé son espoir que les Jeux soient l’occasion pour la Chine d’évoluer vers la démocratie.

Lors de la même conférence de presse, lundi à Genève, Manon Schick, porte-parole d’Amnesty (AI) en Suisse, déclaré que les Jeux olympiques de 2008 doivent être l’occasion d’obtenir une réelle amélioration des droits humains en Chine. Pourtant, regrette AI, les autorités ont jusqu’ici plutôt serré la vis.

Nettoyage de la capitale

AI dénonce les expulsions forcées liées à l’organisation des Jeux à Pékin, des mesures de rééducation par le travail pour les petits délits, la recrudescence de la fermeture de sites sur Internet, le «nettoyage» de la capitale avec des détentions sans procès et des assignations répétées à résidence.

«De manière générale, les progrès sont très lents, mais les autorités sont sensibles à leur image», estime Eric Sottas, de l’OMCT, en se fondant sur les visites du groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire et du rapporteur de l’ONU sur la torture.

RSF note que 33 journalistes et 55 cyberdissidents sont actuellement emprisonnés en Chine. La nouvelle réglementation sur les journalistes étrangers, adoptée il y a un an, n’a pas été respectée, notamment sur le plan de la libre circulation.

RSF dénonce la volonté des autorités chinoises de ficher tous les journalistes désirant couvrir les JO, avec l’éventualité que des demandes d’accréditation soient refusées.

Silence du CIO

«Nous sommes déçus pas le manque d’engagement du CIO», a déclaré Michael Roy, secrétaire général de RSF-Suisse. Dans une lettre ouverte au président du CIO Jacques Rogge, le secrétaire général de RSF Robert Ménard affirme que «le silence du CIO rend possible tous les dérapages»

«Le CIO n’a fait aucune déclaration publique pour s’inquiéter de l’absence de liberté d’expression qui va nuire au travail de la presse et à la transparence nécessaire lors de la fête olympique», écrit Robert Ménard, en évoquant «un échec historique dans l’histoire du mouvement olympique».

Appel au boycott

RSF milite en faveur d’un boycott des Jeux de Pékin, rappelant que cette pratique a déjà porté ses fruits par le passé.

Ainsi, en 1980, les Etats-Unis avaient appelé au boycott des Jeux olympiques d’été de Moscou en signe de protestation contre l’invasion soviétique de l’Afghanistan en 1979. Au moins 64 pays avaient alors suivi le mouvement.

Du tac au tac, 14 nations ont ensuite boudé les Jeux d’été de 1984 à Los Angeles, à l’appel des Soviétiques cette fois. Iran a été le seul Etat à boycotter à la fois Moscou et Los Angeles.

swissinfo et les agences

Les Jeux olympiques 2008 se tiendront du 8 au 24 août 2008 à Pékin. Ce sont les premiers en Chine.
Il y aura 302 compétitions dans 28 sports.
La cérémonie d’ouverture se tiendra le 8 août à 20h08.
Le stade olympique de Pékin a été conçu par les architectes suisses Herzog & de Meuron.
30’000 ouvriers travaillent à la construction des installations olympiques.

Basé à Lausanne (Vaud), le Comité international olympique (CIO) a attribué les JO 2008 à Pékin le 13 juillet 2001. Plusieurs organisations de défense des droits de l’homme, des dissidents et des exilés tibétains avaient alors protesté.

Certains ont parlé d’«erreur historique» et de «cadeau à un régime corrompu». Des parallèles ont même été faits avec les JO de 1936, détournés par la propagande nazie.

D’autres estiment au contraire que les Jeux offrent à la Chine une occasion de se démocratiser.

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