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Joies et déceptions pour Federer en 2008

Victoire: Federer jubile après avoir battu Andy Murray à l'US Open, en septembre, pour la 5ème fois d'affilée. Keystone

En remportant l'US Open et l'or olympique, sans parler des 6 millions de dollars (Sfr. 7,2 millions) de primes, Roger Federer a connu une année plus qu'honorable. Toutefois, de nombreux commentateurs se demandent si 2008 ne marque pas le début de la fin de l'ère Federer.

En effet, le joueur suisse de 27 ans a perdu son rang de numéro un mondial, sa couronne de Wimbledon et la Masters Cup.
«C’est effectivement l’année la plus difficile pour lui depuis son accession au sommet, mais ça aurait pu être bien pire», explique René Stauffer, journaliste sportif au Tages-Anzeiger de Zurich et auteur de «Quest for Perfection: The Roger Federer Story».

En janvier, Federer perd en demi-finale contre Novak Djokovic à l’Open d’Australie, un tournoi qu’il avait pourtant remporté trois fois auparavant. Andy Murray le fait tomber au premier tour à Dubaï, infligeant ainsi à Federer deux défaites de suite, chose qui ne lui était plus arrivée depuis 2003, et sa première défaite au premier tour depuis 2004.

Pour expliquer de tels déboires, pour le moins inhabituels chez lui, Federer révèle en mars qu’il a souffert d’une attaque de mononucléose infectieuse fin 2007. Stauffer y trouve là les raisons d’une préparation physique perturbée et d’un manque de forme avec les conséquences que l’on connaît: le 18 août, son rival espagnol Rafael Nadal le remplace en tant que numéro un mondial, après une période record de 237 semaines en tête de la hiérarchie mondiale.

«Il a perdu sa vitesse, sa confiance, les autres joueurs ont senti qu’il n’était plus imbattable», analyse René Stauffer. «Mais ceci n’est pas suffisant (pour perdre le 1er rang mondial), ses résultats sont toujours bons. Il serait certainement resté numéro un si Nadal n’avait pas commencé à gagner tous les tournois depuis la fin du printemps jusqu’en été», ajoute-t-il.

«Nadal était pratiquement imbattable durant la moitié de l’année et il mérite le rang de numéro un mondial. Ce n’est pas uniquement Federer qui l’a perdu, c’est Nadal qui l’a gagné.»

Paris et Wimbledon

René Stauffer relève que Federer a fait une bonne saison sur terre battue, la surface qu’il apprécie le moins, en gagnant à Estoril et en atteignant la finale à Monte Carlo, Hambourg et Paris. «Ce qui n’a pas bien fonctionné, ce sont les surfaces dures. C’est très décevant de le voir perdre prématurément face à des joueurs contre qui il n’a pas l’habitude de perdre, comme Mardy Fish au Masters d’Indian Wells ou encore Andy Roddick au Masters de Miami.»

Malgré ces faux-pas, Federer atteint la finale à Roland-Garros et à Wimbledon, pour des rencontres contre Nadal qui tiennent le public en haleine.

La finale de Roland-Garros est toutefois un peu décevante, pour ne pas dire plus. Federer, qui a perdu les deux dernières finales contre Nadal, ne gagne que quatre jeux dans un match en trois sets, perdant même le dernier set sur le score de 6-0. Du jamais vu depuis 1999.

Quatre semaines plus tard, les spectateurs de Wimbledon en ouront pour leur argent! Pour Federer, la victoire signifirait un sixième titre consécutif à Wimbledon, et du coup la fin du record détenu par Björn Borg.

Mais Nadal veut une revanche, après ses deux défaites dans les deux finales précédentes. Federer sauve deux balles de matches au tie-break du quatrième set pour finalement perdre 6-4, 6-4, 6-7, 6-7, 9-7.

A cause de la pluie, le match se termine dans une obscurité presque complète après quatre heures et 48 minutes de jeu, la finale la plus longue de l’histoire de Wimbledon. Cette défaite marque aussi un arrêt aux 65 matches d’affilée gagnés par Federer sur gazon.

«Cette défaite lui a certainement fait mal durant les jours suivants. Il a pleuré après le match et est démoralisé pendant un certain temps», raconte René Stauffer.

«Mais lorsqu’il arrive à New York, quelque chose d’étrange se passe: les gens ne disent pas que Roger a perdu, il disent: quel match! Ce qui a permis très certainement à Roger de surmonter sa désillusion de Wimbledon.»

Golden boys

En août, Federer est choisi comme porte-drapeau de la délégation helvétique aux Jeux Olympiques de Beijing, et il subit une défaite inattendue en quart de finale en simple face à James Blake, contre qui il n’a jamais perdu auparavant. Mais quelques jours plus tard, il gagne sa première médaille d’or olympique en double avec Stanislas Wawrinka (qui fait une incursion dans le Top ten en 2008), à la surprise générale.

En septembre, Federer est en grande forme et il aide la Suisse à retrouver sa place dans le groupe mondial en Coupe Davis. Il bat également Andy Murray à New York pour obtenir sa 13ème victoire en Grand Chelem et devenir ainsi le premier joueur à obtenir 5 victoires consécutives à Wimbledon et à l’US Open.

En octobre, Federer bat un autre record en dépassant les 43.280.489 de dollars de gains récoltés par Pete Sampras en tournois. Mais les 14 victoires de Sampras en Grand Chelem restent le but ultime Federer.

En novembre, l’année de Federer se termine dans la déception. Il perd deux des trois matches de poule de la Masters Cup à Shanghai, ratant ainsi la qualification en demi-finale. Il avait pourtant remporté la Masters Cup en 2003, 2004, 2006 et 2007.

Malgré ces résultats pour le moins mitigé, René Stauffer pense que, lorsque Federer se retournera sur cette saison 2008, il sera satisfait. «Il sait combien il est difficile de retrouver la forme. Il a gagné l’or olympique et l’US Open, deux évènements qui resteront gravés dans sa mémoire.»

Et ensuite?

Roger Federer retrouvera-t-il sa place de numéro un mondial? «Finalement ce n’est pas très important de savoir s’il est numéro un ou pas. Ce qui est important, c’est qu’il gagne un ou deux autres Grand Chelem. Battre le record de Sampras est maintenant le plus important pour lui», souligne René Stauffer.

Qui pense que Melbourne sera l’un des Grand Chelem les plus intéressants depuis longtemps et que le vainqueur donnera le ton pour toute la saison. «Pour moi, la course est très ouverte, mais je suis assez confiant. Si Federer est en forme, il peut très bien gagner son quatrième Open d’Australie. Il aurait ensuite de bonnes chances de battre le record de Sampras à Wimbledon.»

En ce qui concerne l’Open d’Australie, les bookmakers donnent, une fois encore, Roger Federer favori. Mais avec une toute petite avance sur Nadal, qui reste le favori indiscutable à Roland-Garros. Les parieurs ne peuvent pas les départager à Wimbledon et donnent Federer légèrement favori à l’US Open…

Mais avec un Murray «affamé» et un Djokovic imprévisible qui vient de remporter la Masters Cup, la seule chose sur laquelle on peut vraiment parier, c’est une saison 2009 faite de sueur et de passion, pour les joueurs aussi bien que pour les supporters.

swissinfo, Thomas Stephens
(Traduction et adaptation de l’anglais: Philippe Varrin)

Federer débutera l’année sur dur lors d’un tournoi sur invitation à Abu Dhabi, puis jouera à Doha au Qatar et à Kooyang en Australie, avant de débuter l’Open d’Australie le 19 janvier à Melbourne.

Federer ne jouera que deux tournois sur terre battue en 2009 avant Roland-Garros, le seul tournoi du Grand Chelem qu’il n’a jamais remporté. Il débutera à Paris le 24 mai après avoir joué les Masters Series sur la surface qu’il apprécie le moins à Rome et Madrid. En 2008 il avait joué quatre tournois sur terre battue avant Roland-Garros: Estoril, Monte Carlo, Rome et Hambourg.

Son programme pour la saison sur herbe reste inchangé avec un seul tournoi de préparation à Halle en Allemagne, avant Wimbledon, qui débute le 22 juin,

Federer défendra son titre à l’US Open à partir du 31 août, après avoir joué les Masters Series sur dur à Montréal et Cincinnati.

Si on analyse les statistiques de 2008, Federer a été plus dangereux en tant que serveur que relanceur. Il a gagné 89% de ses jeux de services (3ème derrière Roddick et ses 91%) mais seulement 27% en retour de services (10ème ; Nadal en a gagné 33%).

Federer n’a gagné que 66% de tie-breaks (David Nalbandian en a gagné 81%) mais personne n’a sauvé autant de balles de break que lui. Ses 8,68 aces par match (695 sur 80 matches) sont un record personnel et le troisième meilleur résultat (Ivo Karlovic a servi 961 aces en 54 matches).

Face à un joueur du Top-ten, Federer a gagné 7 matches mais en a perdu 10, incluant toutefois les finales perdues contre Nadal.
Quoi qu’il en soit, dans les classements les plus importants (classement mondial, victoires, primes de matches), seul Nadal devance Federer.

Federer a gagné 5,886,879 de dollars (7,160,000 francs) en ‘prize money’ (gains en tournois) contre 6,773,773 de dollars pour Nadal. Federer a remporté un total de 66 victoires pour 15 défaites (81,5% de victoires) et Nadal 82 victoires pour 11 défaites ( 88,2 %)

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