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Joli coup de balai aux mythologies

Un théâtre grec remis au goût du jour et passablement déjanté. federal.li

Thématique dans sa programmation, le Théâtre du Grütli à Genève a placé son actuelle saison sous le signe de la Grèce antique.

A l’affiche ces jours-ci, «Epiphaneïa», un spectacle d’Oscar Gomez Mata dont on apprécie l’humour festif.

Fièvre, folie, kitsch, absurde, humour festif et gaité corrosive: la compagnie théâtrale de L’Alakran, emmenée par le metteur en scène Oscar Gomez Mata, n’a jamais fait dans la dentelle.

Et ce n’était pas avec son nouveau spectacle «Epiphaneïa», qu’elle allait se calmer. D’autant que cette création s’inscrit dans le cadre de l’actuelle saison grecque du Théâtre du Grütli (Genève), programmée par les co-directrices des lieux Maya Bösch et Michèle Pralong.

Donner un coup de fouet

Cette saison grecque, nous l’avions déjà annoncée sur swissinfo. Là voilà donc arrivée, en ce mois de décembre, à mi-parcours presque. On l’attendait excitante, vu le labeur dépensé par les deux directrices pour imprimer au Grütli une marque unique en Suisse romande, celle d’«un théâtre d’expérimentation pluridisciplinaire».

La formule peut faire peur aux non initiés. Mais s’y cache le désir profond de donner un coup de fouet à une scène indépendante sclérosée, en invitant metteurs en scènes et acteurs suisses notamment, à travailler à partir d’un thème fixé pour l’ensemble de chaque saison.

L’expérience est donc unique, non seulement en Suisse romande mais dans l’espace européen francophone, nous assurait il y quelque temps Michèle Pralong.

Tellement unique qu’elle a valu au Théâtre du Grütli une bonne trentaine de pages dans le dernier numéro d’«Alternatives théâtrales »(n°90-91), prestigieuse revue européenne éditée à Bruxelles.

Hermétique, difficile d’accès

La revue se penche justement sur cette saison grecque dont nous avons vu jusqu’ici cinq spectacles. Deux d’entre eux («Utzgur» du jeune Valaisan Mathieu Bertholet, et «Les Perses» d’Eschyle) nous ont déconcertés.

«Utzgur» était hermétique, difficile d’accès. «Les Perses» s’embrouillait dans des considérations phonétiques, alors que la pièce est ailleurs.

Elle brille par son actualité politique, bien qu’elle ait été écrite il y a 2500 ans environ.

Des mythes qui asphyxient

Et voici maintenant «Epiphaneïa», à l’affiche du Grütli jusqu’au 22 décembre. Oscar Gomez Mata, qui a donc écrit et mis en scène ce spectacle, nous réconcilie en quelque sorte avec les créations précitées; et pour cause… il débarasse le théâtre grec de son fatras de mythologies.

Metteur en scène basque, installé à Genève, Gomez Mata fait depuis longtemps la joie de tous les déjantés comme lui.

Dans «Epiphaneïa», il réinvente la Grèce antique pour en faire un établi d’apprenti sorcier. Y sont détruits, dans une drôle de machine, tous les mythes qui asphyxient aujourd’hui notre quotidien et que le metteur en scène dénomme avec bonheur: Mister Propre, le téléthon, la madeleine de Proust, le bons sens populaire.

swissinfo, Ghania Adamo

– Le Théâtre du Grütli est dirigé par Maya Bösch et Michèle Pralong.

– La première saison 2006-2007 est consacrée au théâtre grec, la deuxième à la Renaissance et la troisième au 20e siècle.

«Epiphaneïa», Genève, Théâtre du Grütli: jusqu’au 22 décembre.

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