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Le Tessin retrouve une place à l’exécutif fédéral

Le Tessinois Ignazio Cassis prête serment en italien, en levant trois doigts de sa main droite.
Ignazio Cassis a prêté serment en italien, en levant trois doigts de sa main droite. Keystone

Ignazio Cassis devient le 8e conseiller fédéral originaire du Tessin. Il a été élu mercredi par l’Assemblée fédérale pour succéder au ministre des Affaires étrangères Didier Burkhalter. La Suisse italophone n’était plus représentée au sein du gouvernement fédéral depuis 1999.

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Ignazio Cassis: homme populaire, politicien controversé

Ce contenu a été publié sur Y aura-t-il bientôt un italophone au gouvernement suisse? Le Tessinois Ignazio Cassis est considéré comme le candidat favori à la succession de Didier Burkhalter.

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Le suspense n’a pas duré mercredi matin à Berne. Ignazio Cassis a été élu dès le deuxième tour comme successeur de Didier Burkhalter, avec 125 voix sur 244 bulletins valables. Le Tessinois a devancé facilement Pierre Maudet (90 voix) et Isabelle Moret (28 voix).

«Après dix-huit longues années, la Suisse qui pense, qui parle, qui écrit en italien siège à nouveau au gouvernement fédéral», a déclaré Ignazio Cassis devant l’Assemblée fédérale. Le libéral-radical (PLR / droite) a assuré qu’il respectera la collégialité, avant de prêter serment en italien, en levant trois doigts de sa main droite.

Le monde évolue vite, et la position de la Suisse au cœur de l’Europe représente autant une chance qu’un défi. Le conseiller national (député) voit dans son élection au gouvernement la reconnaissance des problèmes auxquels les régions frontalières, comme le Tessin, sont confrontées.

Dans son discours, Ignazio Cassis a aussi fait l’éloge de la différence. Citant Rosa Luxembourg, il a rappelé que la «liberté, c’est toujours la liberté de celui qui pense autrement». Respecter et défendre les opinions différentes seront ma tâche de conseiller fédéral.

Le politologue Nenad Stojanovic livre son analyse pour swissinfo.ch

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Droitisation du gouvernement

L’Union démocratique du centre (UDC, droite conservatrice) est satisfaite de l’élection d’Ignazio Cassis, le candidat le plus à droite. Elle a majoritairement soutenu le médecin de 56 ans, estimant que c’était «le tour du Tessin». La droitisation du Conseil fédéral était souhaitée par le parti et reflète la volonté des Suisses, selon le député UDC Yves Nydegger.

«Nous sommes contents que le nouveau conseiller fédéral vienne de la Suisse italophone», a déclaré le président de l’UDC Albert Rösti. Le fait qu’Ignazio Cassis soit d’un canton frontalier peut aussi être favorable à certains dossiers comme l’asile, la migration ou les relations avec l’Union européenne.

A gauche, le parti socialiste (PS) regrette qu’il y ait toujours aussi peu de femmes au Conseil fédéral.  Le PS estime qu’il aurait fallu présenter un ticket à deux femmes. Pour lui, il revient aux partis bourgeois d’assurer une représentation féminine équilibrée lors de la prochaine vacance.

Le président du parti Christian Levrat ne s’attend toutefois pas à une modification fondamentale de la ligne politique du Conseil fédéral. «Il y aura un changement du vocabulaire et une communication plus offensive, mais pas de grande évolution», a-t-il déclaré. «Je reste serein à ce sujet.»

Ministre des affaires étrangères?

Le nouvel élu pourrait reprendre le Département fédéral des affaires étrangères, laissé vacant par son prédécesseur Didier Burkhalter. Il pourrait toutefois aussi se retrouver au Département fédéral de justice et police, au Département fédéral de l’intérieur, voire au Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports. A moins que les ministres en poste préfèrent attendre quelques années pour une rocade.

La tradition veut que le Conseil fédéral se réunisse avec le nouvel élu, en principe ce vendredi. Les ministres déjà en poste font part de leur choix de dicastère par ordre d’ancienneté. Le dernier arrivé se prononce en dernier. En cas de concurrence pour un département, le gouvernement vote.

Beaucoup de travail attend le nouveau ministre des affaires étrangères. Il devra notamment sortir le dossier européen de l’ornière, une tâche qui s’annonce tout sauf facile.

«Partir, c’est mourir un peu. Mais c’est aussi vivre autrement», a déclaré Didier Burkhalter lors de son discours d’adieux mercredi matin. Peu avant, les parlementaires avaient pris congé de lui, saluant un homme de cœur et d’engagement.

Le ministre sortant s’est montré ému. «Il y a un temps pour tout, j’ai ressenti le temps de partir et d’ouvrir une nouvelle page de vie», a-t-il déclaré. «J’ai mis tout mon coeur dans cette fonction de conseiller fédéral», a-t-il conclu, après avoir mentionné l’engagement de la Suisse au sein de l’OSCE pour résoudre le conflit ukrainien et son implication pour venir en aide aux réfugiés syriens.

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