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Kloten vole de ses propres ailes

Le canton de Zurich dispose d’un droit de veto pour toute décision significative concernant les pistes ou les nuisances sonores. Keystone

Avec l'entrée en vigueur, vendredi, de la nouvelle concession octroyée par Berne, l'aéroport de Zurich arrive au terme de sa privatisation. Pour autant, le canton ne se retire pas du jeu. Il garde un rôle d'arbitre entre les intérêts de l'aéroport et ceux des populations touchées par les nuisances.

Pour les Zurichois, ce 1er juin marque un tournant. 50 ans durant, en effet, c’est à leur canton que les autorités suisses ont confié le soin d’exploiter l’aéroport de Kloten. C’est désormais de l’histoire, une page tournée en fait fin 1999: le peuple zurichois s’était déclaré en faveur d’une privatisation.

Chose faite, aujourd’hui. Et, en toute logique, c’est la société qui exploite l’aéroport – Flughafen Zürich AG – qui est désormais et pour 50 ans titulaire de la concession délivrée jeudi par Berne. Le gouvernement zurichois s’en réjouit, contrairement aux riverains qui souhaitaient une concession provisoire, ou de courte durée, étant données les incertitudes qui pèsent sur l’avenir de Kloten.

Mais Zurich ne s’en lave pas pour autant les mains. Ruedi Jeker, en charge de l’Economie publique, l’a rappelé jeudi: le canton est actionnaire de la société qui gère l’aéroport. Au sein du conseil d’administration, il est représenté par trois membres du gouvernement et il dispose d’un droit de veto pour toute décision significative concernant les pistes ou les nuisances sonores.

Le bruit: c’est justement ce qui inquiète. Suite à l’accord négocié en avril à Berlin, qui prévoit une limitation des vols d’approche au-dessus du sud de l’Allemagne, c’est d’ailleurs devenu une évidence: dans la région zurichoise, les nuisances vont augmenter et être redistribuées. Qui sera touché et comment? Voilà la question essentielle et à laquelle personne n’a encore de réponse.

Question particulièrement délicate pour le Conseil d’Etat zurichois, qui doit à la fois défendre les intérêts de l’aéroport, dont les projets d’expansion sont très ambitieux, et ceux de la population touchée par les nuisances. «Nous avons une double tâche, très exigeante», avoue Ruedi Jeker.

Le canton va en tout cas occuper un rôle majeur, ces prochains mois, en collaborant notamment à la préparation du règlement d’exploitation de l’aéroport. Un document très important, puisqu’il fixera, notamment, les couloirs d’approche et d’envol autour de Kloten. Or, c’est de cela justement que dépendra la répartition des nuisances.

Pour en débattre, le gouvernement zurichois a mis sur pied une Table ronde, à laquelle participent, notamment, les communes touchées, des associations de riverains, les cantons de Schaffhouse, Thurgovie et Aarau, la région de Waldhut – les voisins du sud de l’Allemagne – ainsi que l’aéroport et Swissair. Prochaine séance: le 12 juin.

Un organe consultatif, destiné donc à accompagner le processus de décision du gouvernement. Mais qui pourrait aussi se transformer en champ de bataille, tant les intérêts des uns et des autres semblent aujourd’hui opposés.

Ruedi Jeker reste pourtant optimiste. Son calendrier: une bonne année pour aboutir à une solution. Un nouveau règlement d’exploitation pourrait ainsi entrer en vigueur en 2004 ou 2005.

Pierre Gobet, Zurich

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